Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/176

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166 ARTICLES EXTRAITS

Chapelle, le sont parmi nous; mais quelle di/Térence enti-e la grossièreté rustique de nos hains et la magnificence de ceux des Turcs ! Ce sont des dômes de marbre qui reçoivent le jour parla coupole. Le pavé, les sophas qui régnent autour en gradins, tout est de marbre. Le milieu de chaque appartement est un bassin de fontaines jaillissantes. Elle assure qu'elle trouva sur ces sophas, ornés de coussins et de tapis superbes, un nombre considérable de femmes qui l'invitèrent ;\ se baigner. Elles n'avaient d'autre habillement que celui qu'on donne aux Grâces. De jeunes esclaves, parées comme elles de leur beauté seule, tressaient les cheveux de leurs maîtresses, et les parfumaient d'essences odo- rantes. Ce qui surprit le plus milady Montagne dans ce singulier spectacle, c'est l'extrême modestie de toutes ces dames nues, et la simplicité polie avec laquelle elles voulurent l'engager à se baigner avec elles. Si cette aventure n'était pas vraie, on ne voit pas ce qui aurait pu engager milady Montagne à l'écrire à une de ses amies.

Elle revint par Marseille. Elle resta peu de temps à Paris, et retourna dans sa patrie par Calais. On s'aperçoit aisément, au mépris qu'elle témoigne pour nos dogmes et pour nos céré- monies que c'est une Anglaise qui écrit.

��Dictionnaire universel des Fossiles, etc., par M. Élie Bertrand, premier pasteur de l'Église française de Berne; -1763, 2 vol. in-8°.

(18 avril 1704.)

Cet ouvrage, très-ample, dans lequel il n'y a rien que d'utile, parait nécessaire à tous les amateurs d'histoire naturelle. On y trouve plusieurs observations qu'on chercherait vainement ailleurs. L'auteur ne perd point son temps à faire des systèmes ; il rend compte de ce que la nature produit, sans vouloir inuti- lement deviner comment elle opère. Il n'assure point que les glossopètres soient des langues de chiens marins qui sont tous venus, sur le même rivage, déposer leurs langues pour qu'elles y fussent pétrifiées. Il n'affirme pas que les pierres appelées pom- mes cristallines, ou melons du Mont-Carmel, aient été originai- rement des melons, etc. ; il rend compte de ce que la nature nous offre, et non de ce qu'elle nous cache.

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