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178 ARTICLES EXTRAITS

mélange continuel de bonnes et de mauvaises actions, de vices et de vertus, de grandeur et de faiblesse. 11 semble que, pour bien juger les bommes publics, on pourrait s'en rapporter aux monu- ments secrets et non suspects qui restent d'eux, comme les lettres •lans lesquelles ils ouvrent leur cœur à leurs amis ; mais c'est dans les lettres mêmes de Cicéron que ses admirateurs et ses dé- tracteurs trouvent également les preuves de leurs éloges et de leurs censures. Tout cela prouve combien il est difficile, et peut- être même inutile, de chercher la vérité dans les détails de l'histoire. Quoi qu'il en soit des vertus patriotiques de Cicéron, la postérité admirera toujours en lui l'orateur, l'homme d'État et le philosophe.

��X.

La Défense da Paganisme, par l'empereur Julien, en grec ot en français, etc. Berlin, 1764, in-8°^

(23 mai 1704.)

Ce traité, dont le savant P. Pétau croyait que la religion pou- vait tirer les plus grands avantages, n'était encore connu que par la réfutation qu'en a faite saint Cyrille, qui l'a inséré par lambeaux dans un grand ouvrage destiné ù défendre le christianisme. M. le marquis d'Argens en a rapproché les différentes parties, et après avoir donné ses soins à ce que le texte parût dans toute sa pureté, il l'a accompagné d'une bonne traduction et d'une quan- tité considérable de remarques presque iniquement employées à combattre Julien et à défendre la religion chrétienne. L'objet de M. d'Argens, en publiant cet ouvrage vraiment intéressant pour tous ceux qui cherchent à connaître l'histoire de l'esprit humain, a été de prouver la nécessité de la tolérance. Nous ob- serverons à ce sujet que Julien était livré à tout le fanatisme de la philosophie éclectique ; qu'il donna dans tous les excès de la superstition ; que s'il fût revenu vainqueur de son expédition contre les Parthes, les victimes, disait-on, lui auraient manqué, tant il en avait égorgé, soit pour lire dans leurs entrailles quel serait le sort de ses armes, soit pour se rendre les divinités pro-

1. Voltaire fit, en 17C9, réimprimer la traduction française, qui est du mar- quis d'Argens, avec des notes pour l'intelllgenee desquelles j'ai, en 1819, intro- duit parmi les écrits de Voltaire le travail de d'Argens ; voyez, plus loin, le Discours de Vempereur Julien. (B.)

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