Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ET M. DE FONCEMAGXE. 331

ment de n'y avoir rien trouvé que de vague sur la probité néces- saire à un conseiller d'État, sur le cœur et la force d'un conseiller d'État, sur l'application que doivent avoir les conseillers d'État, et nous présumons qu'il n'est pas vraisemblable qu'un ministre ait perdu son temps à composer une déclamation si vaine et si fasti- dieuse, lorsqu'il avait tant de choses intéressantes à dire, et tant de grands intérêts à discuter.

Telle est notre opinion concernant la première partie du tes- tament, et tel a été Favis de ceux qui l'ont lu avec nous et que nous avons consultés. Venons à la seconde partie.

13° Nous n'avons trouvé rien de relatif à la France, rien qui la concerne plutôt qu'un autre pays, dans les chapitres intitulés « Le premier fondement du bonheur d'un État est l'établissement du règne de Dieu. La raison doit être la règle de la conduite d'un État. Les intérêts publics doivent être l'unique fin de ceux qui gouvernent les États. La prévoyance est nécessaire au gouverne- ment d'un État. La peine et la récompense sont deux points tout à fait nécessaires à la conduite des États. Une négociation conti- nuelle ne contribue pas peu au bon succès des affaires, etc. »

Tout cela convient à la Suède, à la Russie, à la Chine aussi bien qu'à la France.

Rien ne nous paraît porter davantage le caractère d'un décla- mateur qui veut se faire valoir, rien ne ressemble moins à un ministre qui veut être utile.

14° Nous remarquerons seulement une maxime bien cruelle (page 27, Il partie): il est dit qu'en plusieurs occasions on peut, sans preuve authentique, commencer par l'exécution; c'est-à-dire qu'il faut d'abord faire mourir un homme soupçonné de crime d'État, sauf à examiner ensuite s'il est coupable.

Quelque despotique qu'ait été le cardinal de Richelieu, il est difficile de penser qu'il ait donné des conseils si abominables. Ce sont des barbaries qu'on a le malheur de commettre ({ueb] ne- fois, mai? qu'on n'a jamais l'imprudence de dire. Cela est trop opposé au chapitre intitulé Du Rcgne de Dieu. C'est ici que l'au- teur affecte de ressembler à Machiavel, pour se donner le relief d'un politique profond. Il croit qu'en prenant le nom d'un grand ministre il doit le faire parler en tyran. Nous respectons trop la mémoire du cardinal pour lui imputer des conseils qui ren- draient à jamais sa mémoire odieuse à tous les peuples ; et nous nous joignons à M. de Voltaire ^ pour bénir le ciel que Fénelon

1. Voyez page 281.

�� �