et que Dieu le père s’écrie au peuple : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui je me suis complu ; écoutez-le[1]. »
Il est impossible de résister à des signes si divins, si publics, et devant lesquels tous les hommes durent se prosterner dans un silence d’adoration.
Aussi toute la terre reconnut sans doute ces miracles ; Pilate même en rendit compte à l’empereur Tibère, après que l’homme-Dieu eut été supplicié, et Tibère voulut placer Jésus-Christ au rang des dieux ; mais probablement Jésus ne souffrit pas ce mélange adultère du vrai Dieu et des dieux des Gentils, et empêcha que Tibère n’accomplît ce qu’il réservait au pieux Constantin.
Tertullien lui-même, l’un des premiers Pères de l’Église, nous certifie cette anecdote, et Eusèbe la confirme dans son Histoire ecclésiastique, liv. II, ch. ii. On nous objecte que Tertullien écrivait cent quatre-vingts ans après Jésus-Christ ; qu’il pouvait se tromper, qu’il a toujours trop hasardé, qu’il s’abandonnait à son imagination africaine ; qu’Eusèbe de Césarée, un siècle après lui, s’appuya sur un trop mauvais garant ; qu’il n’affirme pas même ce point d’histoire, il se sert des mots on dit ; mais enfin, ou Pilate écrivit les lettres, ou les premiers chrétiens, disciples des apôtres, les ont forgées. S’ils ont fait de tels actes de faux, ils étaient donc à la fois imposteurs et superstitieux ; ils étaient donc les plus méprisables de tous les hommes. Or comment des hommes si lâches étaient-ils si constants dans leur foi ? C’est en vain qu’on nous répond qu’ils étaient lâches et fourbes par la bassesse de leur état et de leur âme, et qu’ils étaient constants dans leur foi par leur fanatisme.
Grotius, Abbadie, Houteville, et vous, monsieur, vous montrez assez comment ces contraires ne peuvent subsister ensemble, quelles que soient les faiblesses et les contradictions de l’esprit humain. Non-seulement ces premiers chrétiens avaient vu sans doute les actes et les lettres de Pilate, mais ils avaient vu les miracles des apôtres qui avaient constaté ceux de Jésus-Christ.
On insiste encore ; on nous dit : Les premiers chrétiens ont bien produit de fausses prédictions des sibylles ; ils ont forgé des vers grecs qui pèchent par la quantité ; ils ont imputé aux anciennes sibylles des vers acrostiches[2] remplis de solécismes, que nous trouvons encore dans Justin, dans Clément d’Alexandrie, dans Lactance ; ils ont supposé des Évangiles ; ils ont cité d’an-
- ↑ Matthieu, iii, 17.
- ↑ Voyez tome XI, pages 91, 232 ; et XVIII, 169.