Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/385

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ordinaires, et que par conséquent tout devait être prodige sous la main de celui qui seul peut faire des prodiges ? Ensuite, vous élevant de miracle en miracle, vous en viendrez au Nouveau Testament.


des miracles du noueau testament.

Les miracles du Nouveau Testament doivent sans doute être reconnus pour incontestables, puisque les seuls livres qui en parlent sont incontestables. Les faits les plus ordinaires n’obtiennent point de croyance si les témoignages ne sont pas authentiques ; à plus forte raison les faits prodigieux sont-ils rejetés. Souvent même on les réprouve, malgré les attestations les plus formelles ; souvent on dit qu’une chose improbable en elle-même ne peut devenir probable par des histoires. Les incrédules prétendent qu’on doit plutôt croire que les historiens ont erré qu’on ne doit croire que la nature se soit démentie. Il était plus aisé à un Juif ou à un demi-Juif de dire des sottises qu’aux astres de changer leur cours. Je dois plutôt penser que les Juifs avaient l’esprit bouché que je ne dois penser que le ciel se soit ouvert. Tel est leur téméraire langage.

Il faut donc au moins que les livres qui annoncent des choses si incroyables aient été examinés par les magistrats ; que les preuves de ces prodiges aient été déposées dans les archives publiques ; que les auteurs de ces livres ne se soient jamais contredits sur la plus légère circonstance, sans quoi ils sont légitimement suspects de tromper sur les plus graves. Il faut avoir cent fois plus d’attention, de scrupule, de sévérité dans l’examen d’une chose à laquelle on dit le salut du genre humain attaché que dans le plus grand procès criminel. Or il n’y a point d’accusation dans un procès qui ne soit déclarée calomnieuse, ou du moins fausse, si les témoins se contredisent.

Comment donc, continuent nos adversaires, pourrons-nous croire à ces Évangiles, qui se contredisent continuellement ? Matthieu[1] fait descendre Jésus d’Abraham par quarante-deux générations, quoique dans son compte il ne s’en trouve que quarante et une ; et encore se trompe-t-il en faisant Josias père de Jéchonias.

Luc[2] fait descendre Jésus du même Abraham par cinquante-six générations, et elles sont absolument différentes de celles que

  1. Chapitre ier.
  2. Chapitre iii.