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JUSTIFIÉ.

Ce prince Casimir ne put être renvoyé dans ses États, car il n’en avait point ; il était le quatrième fils de Frédéric III, électeur palatin ; mais c’était un prince entreprenant et courageux, qui offrait ses services à tous les partis qui désolaient alors la France. Le roi Henri III lui avait donné une compagnie de cent hommes d’armes, le duché d’Étampes, et des pensions. Voilà le prince que M. de Bury nous donne pour souverain, dans une histoire où il veut réformer tous ceux qui ont écrit avant lui.

On sait que le pape Sixte-Quint eut l’insolence d’envoyer, en 1589, un monitoire par lequel il ordonnait au roi de se rendre à Rome dans trente jours pour se justifier de la mort du cardinal de Guise ; l’auteur dit[1] que « le roi fut cité à comparoir dans trente jours à Rome ».

Il semble par cette expression que Sixte-Quint ait écrit ce monitoire en français, et qu’il se soit servi du langage de notre barreau. Il était écrit en latin selon l’usage de Rome. L’auteur devait se servir du mot de comparaître pour lever cette équivoque.

L’auteur, après l’assassinat de Henri III par le jacobin Jacques Clément, ne devait pas omettre l’arrêt que porta en personne Henri IV contre le cadavre du moine, et l’interrogation faite par le grand prévôt de l’hôtel au procureur général La Guesle, qui avait introduit cet assassin. Lorsqu’on fait une Histoire de Henri IV en quatre volumes, un fait aussi singulier ne doit pas être passé sous silence. Nous avons encore le procès criminel fait au cadavre. Il commence par le passe-port donné à Jacques Clément par le comte de Brienne de la maison de Luxembourg, et signé Charles de Luxembourg, du 29 juillet 1589, et plus bas : « Par mondit seigneur, de Geoffre. »

Les interrogatoires et confrontations sont signés : François du Plessis, seigneur de Richelieu, grand prévôt de l’hôtel ; de La Guesle, du Mont, Monciries, gentilhomme ordinaire de la chambre ; d’Aupou, idem ; Roger de Bellegarde, premier gentilhomme de la chambre et grand écuyer ; Savari de Bonrepos, gentilhomme ordinaire ; Antoine Portail, valet de chambre et chirurgien du roi. L’arrêt, signé Henri, et plus bas, Ruzé, le 2 août 1589, est conçu en ces termes :

« Le roi étant en son conseil, après avoir ouï le rapport fait par le sieur de Richelieu, chevalier de ses ordres, conseiller en son conseil d’État, prévôt de son hôtel, et grand prévôt de France, du procès fait au corps mort de feu Jacques Clément, jacobin,

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