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RELATION
DE LA MORT
DU
CHEVALIER DE LA BARRE
PAR M. CASSEN,
AVOCAT AU CONSEIL DU ROI, À M. LE MARQUIS DE BECCARIA.
(1766)




AVERTISSEMENT
DES ÉDITEURS DE L’ÉDITION DE KEHL
SUR LES DEUX OUVRAGES SUIVANTS[1].

Nous nous permettrons quelques réflexions sur l’horrible événement d’Abbeville, qui, sans les courageuses réclamations de M. de Voltaire et de quelques hommes de lettres, eût couvert d’opprobre la nation française aux yeux de tous ceux des peuples de l’Europe qui ont secoué le joug des superstitions monacales.

Il n’existe point en France de loi qui prononce la peine de mort contre aucune des actions imputées au chevalier de La Barre.

L’édit de Louis XIV contre les blasphémateurs ne décerne la peine d’avoir la langue coupée qu’après un nombre de récidives qui est presque moralement impossible : il ajoute que, « quant aux blasphèmes énormes qui, selon la théologie, appartiennent au genre de l’infidélité », les juges pourront punir même de mort.

1° Cette permission de tuer un homme n’en donne pas le droit, et un juge qui, autorisé par la loi à punir d’une moindre peine, prononce la peine de mort, est un assassin et un barbare.

  1. Le premier était la Relation de la mort du chevalier de La Barre ; le second était le Cri du sang innocent, qui est de 1775.