Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/527

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AVIS AU PUBLIC
SUR LES PARRICIDES
IMPUTÉS AUX CALAS ET AUX SIRVEN[1].

Voilà donc en France deux accusations de parricides pour cause de religion dans la même année, et deux familles juridiquement immolées par le fanatisme ! Le même préjugé qui étendait Calas sur la roue, à Toulouse, traînait à la potence la famille entière de Sirven, dans une juridiction de la même province ; et le même défenseur de l’innocence, M. Élie de Beaumont, avocat au parlement de Paris, qui a justifié les Calas, vient de justifier les Sirven par un mémoire signé de plusieurs avocats, mémoire qui démontre que le jugement contre les Sirven est encore plus absurde que l’arrêt contre les Calas.

Voici en peu de mots le fait, dont le récit servira d’instruction pour les étrangers qui n’auront pu lire encore le factum de l’éloquent M. de Beaumont[2].

En 1761, dans le temps même que la famille protestante des Calas était dans les fers, accusée d’avoir assassiné Marc-Antoine Calas, qu’on supposait vouloir embrasser la religion catholique, il arriva qu’une fille du sieur Paul Sirven[3], commissaire à terrier du pays de Castres, fut présentée à l’évêque de Castres par une femme qui gouverne sa maison, L’évêque, apprenant que cette fille était d’une famille calviniste, la fait enfermer à Castres, dans une espèce de couvent qu’on appelle la maison des régentes. On

  1. Les Mémoires secrets, du 15 septembre 1766, parlent de cet Avis au public, dont j’ai vu deux éditions in-8° : l’une en 34 pages, avec les caractères des frères Cramer, imprimeurs de Voltaire ; l’autre en 30 pages. Il parut, en 1771, un Mémoire pour le sieur Pierre-Paul Sirven, in-8° de 219 pages. (B.)
  2. C’est sans doute de ce factum que Voltaire parle dans sa lettre au roi de Prusse, du 1er février 1766.
  3. Ce fut le 6 mars 1760 qu’on enleva la seconde des trois filles de Sirven, âgée alors de vingt-deux ans : elle s’appelait Élisabeth, et était née en 1737. (B.)