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AVIS AU PUBLIC.

rompue que toutes les autres ; et j’atteste que je n’ai jamais écrit ces mots impertinents : Une jolie femme très-riche, très-dévote, etc. ; cette addition est une imposture.

Mme  la marquise du Deffant peut certifier que la lettre xxvie qui lui est adressée dans ce Recueil, est falsifiée entièrement[1] ; et moi, qui l’ai écrite sous la dictée de M. de Voltaire, dans le temps qu’il était privé de la vue par des fluxions, je l’atteste, et je donne un démenti à l’éditeur.

À l’égard des notes dont l’éditeur a chargé ce Recueil, il y traite les magistrats de Genève de juges infâmes, page 122. C’est à eux à en demander le châtiment. Je fais mon devoir en manifestant l’horreur et le mépris que doivent inspirer de pareilles manœuvres.

À Genève, le 1er novembre 1766.

Wagnière. »


Ces témoignages sont assez convaincants pour qu’on soit en droit de réclamer la justice du public.

Le même éditeur commence son recueil par trois lettres[2] qu’il n’attribue pas expressément à M. de Voltaire, mais dont il semble charger feu M. de Montesquieu. Ces trois lettres sont supposées être écrites à un Anglais nommé le chevalier de Bruan, qui n’a jamais existé. « Souvenez-vous, dit-il[3], de Cromwell ; l’argent suffit pour corrompre le parlement. » M. de Montesquieu n’a pu dire une telle sottise. Il savait bien que Cromwell n’avait pas corrompu le parlement par argent, et qu’il l’avait subjugué par le fanatisme et par l’épée.

Voici les paroles que l’éditeur prête à M. de Montesquieu, à la fin de la troisième lettre :

« Il est presque impossible[4], mon cher Philinte, qu’il y ait un grand homme parmi nos rois, puisqu’ils sont abrutis, dès le berceau, par une foule de scélérats qui les environnent. »

Jamais ni le président de Montesquieu, ni M. de Voltaire, n’ont écrit au cher Philinte ; ce qui est véritablement impossible, c’est


    les Lettres aux amis du Parnasse, il me paraît être de Voltaire. (B.) — Ce passage est mis en note à la page 138 du présent volume.

  1. Elle ne contient rien qui ne soit dans l’édition de Kehl ; et la version donnée par les éditeurs contient au contraire quelques mots qui ne sont pas dans le texte de 1766 ; la lettre à Mme  du Deffant est du 27 janvier 1764.
  2. Ces trois lettres, formant 16 pages, et ayant une pagination particulière, ne sont pas comprises dans la table du volume.
  3. Page 4.
  4. Page 16.