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LETTRE SUR LES PANÉGYRIQUES.

des plaines de la Scythie et des montagnes de l’Immaüs et du Caucase vers les Alpes et les Pyrénées pour tout ravager, on vît descendre aujourd’hui des armées pour renverser le tribunal de l’Inquisition, tribunal plus horrible que les sacrifices de sang humain tant reprochés à nos pères !

Enfin ce génie supérieur veut faire entendre à ses voisins ce que l’on commence à comprendre en Europe, que des opinions métaphysiques inintelligibles, qui sont les filles de l’absurdité, sont les mères de la discorde ; et que l’Église, au lieu de dire : « Je viens apporter le glaive et non la paix[1], » doit dire hautement : « J’apporte la paix et non le glaive. » Aussi l’impératrice ne veut-elle tirer l’épée que contre ceux qui veulent opprimer les dissidents.

J’ignore quelles suites aura la querelle qui divise la Pologne ; mais je n’ignore pas que tous les esprits doivent être un jour unis dans l’amour de cette liberté précieuse qui enseigne aux hommes à regarder Dieu comme leur père commun, et à le servir en paix, sans inquiéter, sans avilir, sans haïr ceux qui l’adorent avec des cérémonies différentes des nôtres.

Je sais encore que le roi de Pologne[2] est un prince philosophe digne d’être l’ami de l’impératrice de Russie ; un prince fait pour rendre les Polonais heureux, si jamais ils consentent à l’être. Je ne me mêle point de politique ; ma seule étude est celle du bonheur du genre humain, etc., etc.

FIN DE LA LETTRE.
  1. Matthieu, x, 34.
  2. Voyez la note 5, tome XXI, page 405.