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SUR L'ATHÉISME. 335

est pour tous les hommes le moment du repentir et de la clé- mence : vouloir se venger en mourant, et ne l'oser ; charger un autre par ses dernières paroles d'être un infâme meurtrier, c'est le comble de la lâcheté et de la fureur réunies.

Je n'examinerai point ici si cette histoire révoltante est vraie, ni en quel temps elle fut écrite. Je ne discuterai point avec vous s'il faut regarder les chroniques des Juifs du même œil dont on lit les commandements de leur loi ; si on a eu tort, dans des temps d'ignorance et de superstition, de confondre ce qui était sacré chez les Juifs avec leurs livres profanes. Les lois de Niima furent sacrées chez les Romains, et leurs historiens ne le furent pas. Mais si un Juif a été barbare jusqu'à son dernier moment, que nous importe? Sommes-nous Juifs? Quel rapport les absurdités et les horreurs de ce petit peuple ont-elles avec nous? On a con- sacré des crimes chez presque tous les peuples du monde : que devons-nous faire? Les détester, et adorer le Dieu qui les condamne. Il est reconnu que les Juifs crurent Dieu corporel. Est-ce une raison pour que nous ayons cette idée de l'Être suprême?

S'il est avéré qu'ils crurent Dieu corporel, il n'est pas moins clair qu'ils reconnaissaient un Dieu formateur de l'univers.

Longtemps avant qu'ils vinssent dans la Palestine, les Phéni- ciens avaient leur Dieu unique Jaho, nom qui fut sacré chez eux, et qui le fut ensuite chez les Égyptiens et chez les Hébreux. Ils donnaient à l'Être suprême un nom plus commun, EL Ce nom était originairement chaldéen. C'est de là que la ville appe- lée par nous Babylone fut nommée Babel, la porte de Dieu. C'est de là que le peuple hébreu, quand il vint, dans la suite des temps, s'établir en Palestine, prit le surnom d'Israël, qui signifie voyant Dieu, comme nous l'apprend Philon, dans son Traité des récom- penses et des peines, et comme nous le dit l'historien Josèphe dans sa réponse à Appien.

Les Égyptiens reconnurent un Dieu suprême malgré toutes leurs superstitions; ils le nommaient Knef, et ils le représentaient sous la forme d'un globe.

L'ancien Zerdust, que nous nommons Zoroastre, n'enseignait qu'un seul Dieu, auquel le mauvais principe était subordonné. Les Indiens, qui se vantent d'être la plus antique société de l'uni- vers, ont encore leurs anciens livres, qu'ils prétendent avoir été écrits il y a quatre mille huit cent soixante et six ans. L'ange Brama ou Hahrama, disent-ils, l'envoyé de Dieu, le ministre de rttre suprême, dicta ce livre dans la langue du Hanscrit. Ce livre saint se nomme Shastabad, et il est beaucoup plus ancien que le

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