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DE LA SODOMIE.


CHAPITRE IV.
des romains.

Que M. l’abbé Bazin était chaste ! qu’il avait la pudeur en recommandation ! Il dit, dans un endroit de son savant livre, page 54 (vol. XV) : « J’aimerais autant croire Dion Cassius, qui assure que les graves sénateurs de Rome proposèrent un décret par lequel César, âgé de cinquante-sept ans, aurait le droit de jouir de toutes les femmes qu’il voudrait. »

« Qu’y a-t-il donc de si extraordinaire dans un tel décret ? » s’écrie notre effronté censeur : il trouve cela tout simple ; il présentera bientôt une pareille requête au parlement : je voudrais bien savoir quel âge il a. Tudieu ! quel homme ! Ce Salomon, possesseur de sept cents femmes et trois cents concubines, n’approchait pas de lui.



CHAPITRE V.
de la sodomie.

Mon oncle, toujours discret, toujours sage, toujours persuadé que jamais les lois n’ont pu violer les mœurs, s’exprime ainsi dans la Philosophie de l’Histoire, page 55 (vol. XV) : « Je ne croirai pas davantage Sextus Empiricus, qui prétend que, chez les Perses, la pédérastie était ordonnée. Quelle pitié ! Comment imaginer que les hommes eussent fait une loi qui, si elle avait été exécutée, aurait détruit la race des hommes ? La pédérastie, au contraire, était expressément défendue dans le livre du Zend ; et c’est ce qu’on voit dans l’abrégé du Zend, le Sadder, où il est dit (porte 9) qu’il n’y a point de plus grand péché. »

Qui croirait, mon cher lecteur, que l’ennemi de ma famille ne se contente pas de vouloir que toutes les femmes couchent avec le premier venu, mais qu’il veuille encore insinuer adroitement l’amour des garçons ? « Les jésuites, dit-il, n’ont rien à démêler ici. » Hé ! mon cher enfant, mon oncle n’a point parlé des jésuites. Je sais bien qu’il était à Paris lorsque le R. P. Marsy[1] et

  1. Voyez tome XIX, page 500.