Pardonnez, monsieur, la liberté que je prends d’implorer votre protection contre les traitements que monsieur l’ambassadeur exerce sur le plus zélé et le plus fidèle domestique qu’il aura jamais…. Je sais, monsieur, combien de préjugés sont contre moi ; je sais que dans les démêlés entre le maître et le domestique, c’est toujours ce dernier qui a tort…. Votre générosité et mon bon droit sont mes seuls protecteurs….
« J’ai l’honneur d’être avec un profond respect, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. »
« Depuis la lettre que j’eus l’honneur de vous écrire le 8 de ce mois, monsieur l’ambassadeur m’a menacé de me faire périr sous le bâton : il m’a envoyé sept ou huit fois son gentilhomme avec le solde du compte, m’intimant l’ordre de partir sur-le-champ de Venise, sous peine d’être assommé de coups de bâton matin et soir. »
La troisième lettre est du 11 octobre 1744, reçue au Vieux-Brisach le 16, et datée de Paris à l’hôtel d’Orléans, rue du Chantre, près le Palais-Royal.
Elle dit à peu près les mêmes choses ; il ajoute seulement : « J’implore votre protection et quelques marques de votre bonté, qui me réhabilitent aux yeux du public. »
Il s’imaginait dès lors que le public avait les yeux fixés sur lui. Toutes ces lettres sont signées Rousseau, avec paraphe[1]. Il ne paraît pas qu’on trouvât ses plaintes bien fondées ; et Jean-Jacques Rousseau, pour se réhabiliter, alla chercher ailleurs des maîtres qui lui donnassent des gages. Il faut avouer que voilà un plaisant secrétaire d’ambassade ; il a reçu de grands honneurs, et sa vanité est tout à fait bien placée !
La nouvelle Julie, ou la Nouvelle Héloïse, est un roman en six volumes, imprimé à Amsterdam chez Marc-Michel Rey, en 1761.
Ce roman[2] est un recueil de lettres que s’écrivent deux amants suisses, à l’imitation des romans anglais de Pamela et de Clarisse.