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542 LE DINER DU C03ITE

que les petits garçons et les petites filles savent ce que mangea le prophète Ézéchiel à son déjeuners et qu'il ne serait pas honnête de nommer à dîner ; depuis qu'ils savent les aventures d'Oolla et d'Ooliba-, dont il est difficile de parler devant les dames; depuis qu'ils savent que le Dieu des Juifs ordonna au prophète Osée de prendre une catin^ et de faire des fils de catin. Hélas! trouverez- vous autre chose dans ces misérables que du galimatias et des obscénités?

Que vos pauvres théologiens . cessent désormais de disputer contre les Juifs sur le sens des passages de leurs prophètes, sur quelques lignes hébraïques d'un Amos, d'un Joël, d'un Habacuc, d'un Jérémiah ; sur quelques mots concernant Éliah, transporté aux régions célestes orientales dans un chariot de feu, lequel Éliah, par parenthèse, n'a jamais existé.

Qiu'ils rougissent surtout des prophéties insérées dans leurs Évangiles. Est-il possible qu'il y ait encore des hommes assez im- béciles et assez lâches pour n'être pas saisis d'indignation quand Jésus prédit dans Luc* : « H y aura des signes dans la lune et dans les étoiles^; des bruits de la mer et des flots; des hommes séchant de crainte attendront ce qui doit arriver à l'univers entier. Les vertus des cieux seront ébranlées, et alors ils verront le fils de l'homme venant dans une nuée avec grande puissance et grande majesté. En vérité je vous dis que la génération présente ne passera point que tout cela ne s'accomplisse. »

Il est impossible assurément de voir une prédiction plus mar- quée, plus circonstanciée et plus fausse. Il faudrait être fou pour oser dire qu'elle fut accomplie, et que le fils de l'homme vint dans une nuée avec une grande puissance et une grande majesté. D'où vient que Paul, dans son Épitre aux Thessaloniciens (r% ch. iv, v. 16), confirme cette prédiction ridicule par une autre encore plus impertinente? « Nous qui vivons et qui vous parlons, nous serons emportés dans les nuées pour aller au-devant du Seigneur au milieu de l'air, etc. »

Pour peu qu'on soit instruit, on sait que le dogme de la fin du monde et de l'établissement d'un monde nouveau était une chimère reçue alors chez presque tous les peuples. Vous trouvez cette opinion dans Lucrèce, au hvre IV. Vous la trouverez dans le pre-

1. Ézéchiel, chap. iv, v. 12. (A'o/e de Voltai?-e.)

2. Ibid., chap, xxiii, v. 4. (/(/.)

3. Osée, chap, i, v, 2; et chap, iit, v. 1 cl 2. {Id.)

4. Chap. XXI, V. 23, 20, 27, 32. {Id.)

5. Voyez ci-dessus, page 242,

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