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DE CANTORBÉRY. 579

damné si TOUS le voulez, milord, tous et votre mandataire, j'y consens de tout mon cœur; mais je vous avertis que je ne veux point l'être, et que je souhaiterais aussi que mes amis ne le fussent point : il faut avoir un peu de cliarité.

J'aurais Lien d'autres choses à dire à votre mandataire, je lui recommanderais surtout d'être moins ennuyeux. L'ennui est toujours mortel pour les mandements; c'est un point essentiel auquel on ne prend pas assez garde dans votre pays.

Sur ce, mon cher confrère, je vous recommande à la bonté divine, quoique le mot de bon vous fasse tant de peine.

Votre bon confrère.

L'archevêque de Can'torbérv.

��POST-SCRIPTUM.

Quand vous écrirez à l'évêque de Rome, faites-lui, je vous prie, mes compliments; j'ai toujours beaucoup de considération pour lui, en qualité de frère. On me mande qu'il a essuyé depuis peu quelques petits désagréments^ qu'un cheval de iXaples a donné un terrible coup de pied à sa mule; qu'une barque de Venise a serré de près la barque de saint Pierre, et qu'un fromage du Parmesan lui a donné une indigestion violente^ : j'en suis fâché. On dit que c'est un bon homme, pardonnez-moi ce mot. J'ai fort connu son père dans mon voyage d'Italie : c'était un bon banquier; mais il paraît que le fils n'entend pas son compte.

��1. Quoique Clément XIII fût Vénitien, le grand conseil de la république dimi- nuait, à cette époque, l'influence et le nombre des milices papales. Voyez, dans le chapitre xxxix du Précis du Siècle de Louis AV, comment, pour venger l'insulte faite à Ferdinand, duc de Parme, le roi de France venait de s'emparer d'Avignon, et comment Ferdinand IV, roi de iNapIes, en avait fait autant de Bénévent et de Ponte-Corvo. (Cl.)

��FIN DE LA LETTRE.

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