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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome28.djvu/112

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TOUT EN DIEU,


verainement intelligent ne peut savoir ces petites vérités, ni plus lumineusement, ni plus clairement que nous ; mais il y a une suite infinie de vérités, et l’Être infini peut seul comprendre cette suite.

Nous ne pouvons être admis à tous ses secrets, de même que nous ne pouvons soulever qu’une quantité déterminée de matière.

Demander pourquoi il y a du mal sur la terre, c’est demander pourquoi nous ne vivons pas autant que les chênes.

Notre portion d’intelligence invente des lois de société bonnes ou mauvaises ; elle se fait des préjugés ou utiles ou funestes ; nous n’allons guère au delà. Le grand Être est fort ; mais les émanations sont nécessairement faibles. Servons-nous encore de la comparaison du soleil. Ses rayons réunis fondent les métaux ; mais quand vous réunissez ceux qu’il a dardés sur le disque de la lune, ils n’excitent pas la plus légère chaleur.

Nous sommes aussi nécessairement bornés que le grand Être est nécessairement immense.

Voilà tout ce que me montre ce faible rayon de lumière émané dans moi du soleil des esprits ; mais sachant combien ce rayon est peu de chose, je soumets incontinent cette faible lueur aux clartés supérieures de ceux qui doivent éclairer mes pas dans les ténèbres de ce monde.

FIN DE TOUT EN DIEU.