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DE LA COUR DES AIDES. 387

termes de meurtrier, d'assassin, ne retentiront point à nos oreilles.

Enfin nous prétendrons être toujours justes, en nous souve- nant toujours que nous sommes citoyens. Et c'est en jouissant du précieux avantage de rendre gratuitement la justice que nous serons plus justes ^

Avec de tels sentiments, nous n'essuyerons jamais le déshon- neur dont on nous menace.

Voilà la question qu'on pouvait traiter, et qui n'a pas été seulement effleurée.

Le roi fait à la nation le plus grand bien qu'aucun monarque lui ait jamais fait, et on détourne les yeux de cette grâce accordée à tant de peuples pour ne s'occuper que d'une querelle particu- lière.

C'est à l'occasion de celte querelle funeste qu'on veut priver Paris du même avantage que le roi accorde à ses provinces. On fait à ceux qui rempliraient à Paris les places de la première magistrature les mêmes reproches qu'à nous; on les charge des mêmes outrages.

Nous n'entrons pas ici dans le labyrinthe obscur où se perd l'origine du parlement de Paris; nous ne rappellerons point les anciens droits de la pairie; nous ne porterons point un œil trop curieux dans le difl"érend qui a causé enfin la rupture entre le conseil suprême du roi et le tribunal séant dans sa capitale. L'auteur des Remontrances n'en parle pas. Nous suivrons son exemple. Nous nous bornons à respecter le malheur des magis- trats exilés'; nous rendons justice à la pureté de leurs intentions; nous honorons leurs personnes. Nous savons par l'expérience de tous les siècles que les orages se dissipent en peu de temps; et puisque les grandes tempêtes qui ])ouleversèront la France sous Charles VI et du temps de la Ligue et de la Fronde sont passées sans retour, les petits nuages qui obscurcissent aujourd'hui les plus beaux jours passeront de même. Nous sommes très-sûrs que bientôt les exilés reviendront dans le sein de leurs familles, ot que tout sera oublié. Que n'oublie-t-on pas dans Paris?

��1. Dans l'édition du chancelier on avait ajouté ici : « Les lois et la police, voilà nos objets, nos fonctions, et nos bornes. Le gouvernement de l'État n'a jamais regardé la magistrature ; nous ne sommes ni princes, ni pairs, ni grands ofliciers de la couronne, ni généraux d'armée, ni ministres. Nous obéirons aux lois, et nous aurons soin que les peuples leur obéissent. »

2. Dans l'édition du chancelier on suppi'ima ces mots : « Nous rendons justice à la pureté de leurs intentions. »

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