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SENTIMENTS

DES SIX CONSEILS ÉTABLIS PAR LE ROI

ET DE TOUS LES BOx\S CITOYENS'.

��Oui, tous les bons citoyens doivent persister à regarder l'éta- blissement des six nouveaux conseils- comme le plus signalé bienfait dont le roi veut combler la nation. Il est si beau de rendre gratuitement la justice; il est si humain de sauver de la ruine tant de familles; c'est une économie si sage d'épargner les frais de la translation dos prisonniers du fond des provinces à Paris, qu'il faudrait avoir un esprit peu juste, et un cœur peu sensible, pour jouir d'une telle grâce sans reconnaissance.

C'est un beau jour qui se lève sur nous, et on ne veut regarder que de petits nuages dont ce beau jour est encore obscurci.

On s'épuise de tous côtés en déclamations pour nous em- pêcher d'être heureux. Il semble que tout soit perdu parce que le ressort d'un tribunal de justice ne s'étend plus jusqu'au fond de l'Auvergne et du Poitou. Ne voilà-t-il pas en effet un grand mal qu'un Périgourdin soit jugé dans Angoulême au lieu de l'être à Paris, et que la justice soit rendue à chaque citoyen dans sa province, selon l'usage de toutes les nations!

La postérité s'étonnera sans doute que nous ayons pu mur- murer contre notre félicité. Nous n'avons vu en effet jusqu'ici que des déclamations sans preuves; elles contestent au roi le pouvoir de faire du bien.

Dans une de ces remontrances^ voici comme on s'exprime :

1. Je n'ai jusqu'à ce jour rien aperçu, dans la Correspondance de Voltaire, qui ait rapport à cet opuscule ; mais, d'après l'indication de Decroix, je n'ai pas hésité un instant à le reproduire; il est postérieur au 18 mars. (B.)

2. L'édit de février 1771 créait, pour connaître au souverain et en dernier ressort, tant au civil qu'au criminel, six conseils supérieurs, qui étaient établis àArras, Blois, Châlons, Clermont-Ferrand, Lyon, Poitiers; tous ces pays étaient jusque-là du ressort du parlement de Paris.

3. Arrest du parlement de Besançon, 18 mars 1771.

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