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DISCOURS

lorsqu’il est aisé de voir que leurs raisons n’ont aucune force ? Ils prétendent que Dieu, après avoir établi une première loi, en a donné une seconde ; que la première n’avait été faite que pour un certain temps, et que la seconde lui avait succédé parce que celle de Moïse n’en avait été que le type. Je démontrerai par l’autorité de Moïse qu’il n’est rien de si faux que ce que disent les Galiléens. Cet Hébreu dit expressément, non pas dans dix endroits, mais dans mille, que la loi qu’il donnait serait éternelle. Voyons ce qu’on trouve dans l’Exode[1] : « Ce jour vous sera mémorable, et vous le célébrerez pour le Seigneur dans toutes les générations. Vous le célébrerez comme une fête solennelle par ordonnance perpétuelle. Vous mangerez pendant sept jours du pain sans levain, et dès le premier jour vous ôterez le levain de vos maisons. » Je passe un nombre de passages, que je ne rapporte pas pour ne point trop les multiplier, et qui prouvent tous également que Moïse donna sa loi comme devant être éternelle. Montrez-moi, ô Galiléens ! dans quel endroit de vos Écritures il est dit ce que Paul a osé avancer, que « le Christ était la fin de la loi[2] ». Où trouve-t-on que Dieu ait promis aux Israélites de leur donner dans la suite une autre loi que celle qu’il avait d’abord établie chez eux ? Il n’est parlé dans aucun lieu de cette nouvelle loi, il n’est pas même dit qu’il arriverait aucun changement à la première. Entendons parler Moïse lui-même[3] : « Vous n’ajouterez rien aux commandements que je vous donnerai, et vous n’en ôterez rien. Observez les commandements du Seigneur votre Dieu, et tout ce que je vous ordonnerai aujourd’hui. Maudits soient tous ceux qui n’observent pas tous les commandements de la loi ! » Mais vous, Galiléens, vous comptez pour peu de chose d’ôter et d’ajouter ce que vous voulez aux préceptes qui sont écrits dans la loi[4]. Vous regardez comme grand et glo-

  1. Exod., xii, 14 et 15. (Note de Voltaire.)
  2. Épître aux Romains, x, 4.
  3. Deut., iv, 2 ; et xxvii, 26. (Note de Voltaire.)
  4. C’est ici peut-être l’argument le plus fort de l’empereur Julien. Il est dit dans cent endroits qu’il faut suivre en tout la loi mosaïque. Les Juifs, en aucun temps, n’en ont jamais retranché un mot et n’y ont jamais ajouté une syllabe. Jésus l’a accomplie dans tous ses points ; il est né Juif, a vécu Juif, est mort Juif ; il a été condamné à la potence pour avoir outragé les pharisiens et les scribes, pour les avoir appelés race de vipères, sépulcres blanchis, pour leur avoir reproché de prévariquer contre la loi. Ceux qu’on appelle les apôtres ont observé cette loi ; ils ont mangé l’agneau pascal avec Jésus, ils ont prié dans le temple de Jérusalem. En un mot, les chrétiens qui brûlent les Juifs n’ont aucun prétexte pour n’être pas Juifs.

    Voici comme s’exprime le théologien Théro [voyez les Lettres sur les miracles,