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SUPPLÉMENT

naîtrai-je que j’hériterai de cette terre ? Le Seigneur lui répondit : Prends une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle, et un pigeon. Abraham prit donc toutes ces choses, et les partagea au milieu, et mit chaque moitié vis-à-vis l’un de l’autre ; mais il ne partagea pas les oiseaux. Et une volée d’oiseaux descendit sur ces bêtes mortes, et Abraham se plaça avec elles. » Remarquez que celui qui conversait avec Abraham, soit que ce fût un ange, soit que ce fût un dieu, ne confirma pas sa prédiction légèrement, mais par la divination et les victimes : l’ange, ou le dieu, qui parlait à Abraham, lui promettait de certifier sa promesse par le vol des oiseaux. Car il ne suffit pas d’une promesse vague pour autoriser la vérité d’une chose, mais il est nécessaire qu’une marque certaine assure la certitude de la prédiction qui doit s’accomplir dans l’avenir.

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SUPPLÉMENT[1]


AU DISCOURS DE JULIEN


par l’auteur du Militaire philosophe.


Un empereur qui se prépare à combattre les Perses avec l’épée n’a guère le temps d’employer sa plume à confondre tous les dogmes inventés par des chrétiens cent ans et deux cents ans avant lui : dogmes dont le Juif Jésus n’avait jamais parlé, dogmes entassés les uns sur les autres avec une impudence qui fait frémir, et une absurdité qui fait rire. Si Dieu avait donné une plus longue vie à ce grand homme, il eût sans doute fait rechercher tous ces monuments de fraude que les premiers chrétiens forgèrent dans leur obscurité, et qu’ils cachèrent pendant deux siècles aux magistrats romains avec un secret religieux ; il eût étalé à tous les yeux ces instruments du mensonge, comme on représente aux faux monnayeurs les poinçons et les marteaux dont ils se sont servis pour frapper leurs espèces trompeuses.

Il eût tiré de la poussière le Testament des douze patriarches[2],

  1. Ce morceau est réellement de Voltaire, quoiqu’il soit donné ici comme étant de l’auteur du Militaire philosophe. (B.)
  2. Voyez tome XVII, page 302.