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AU DISCOURS DE JULIEN.

tel évêque dît une fois l’an une messe en latin qu’il n’entend point, après quoi il va faire la revue de son régiment ou s’enivrer avec sa maîtresse tudesque ; pour que l’évêque de Rome usurpât le trône des césars ; pour que les rois ne régnassent que sous le bon plaisir d’un scélérat adultère et empoisonneur tel qu’Alexandre VI[1], ou d’un débauché tel que Léon X, ou d’un meurtrier tel que Jules II, ou d’un vieillard imbécile tel qu’on en a vu depuis.

Il est temps de briser ce joug infâme que la stupidité a mis sur notre tête, que la raison secoue de toutes ses forces ; il est temps d’imposer silence aux sots fanatiques gagés pour annoncer ces impostures sacrilèges, et de les réduire à prêcher la morale, qui vient de Dieu ; la justice, qui est dans Dieu ; la bonté, qui est l’essence de Dieu ; et non des dogmes impertinents qui sont l’ouvrage des hommes. Il est temps de consoler la terre, que des cannibales déguisés en prêtres et en juges ont couverte de sang. Il est temps d’écouter la nature, qui crie depuis tant de siècles : Ne persécutez pas mes enfants pour des inepties. Il est temps enfin de servir Dieu sans l’outrager.



FIN DU DISCOURS DE L’EMPEREUR JULIEN, ETC.


  1. Voltaire ne croyait pas à tous les crimes dont on a chargé la mémoire d’Alexandre VI ; voyez tome XVIII, page 531 ; et XXVII, 208 et 294.