Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
SUR L’INDE.

On voit encore dans quelques anciens temples des brachmanes cette représentation des quatre attributs de Dieu, figurée par quatre têtes sous une même couronne ; et c’est cet emblème de la divinité unique et multiforme que nos aumôniers de vaisseau ne manquèrent pas de prendre pour le diable[1] dès qu’ils furent descendus à terre.

Nous ne chargerons point cet abrégé de toutes les superstitions indiennes, mêlées dans ce pays, comme dans d’autres, avec la connaissance d’un Être suprême. Nous ne parlerons point des mille noms de Dieu, des voyages de Dieu en homme sur la terre, des oracles, des prodiges, et de toutes les folies qui ont partout déshonoré la sagesse. Nous ne prétendons point faire la somme de la théologie des Gangarides.

Mais n’oublions pas d’observer que l’amour est un de leurs dieux ; il s’appelle Cam-débo : on lui donne encore dix-huit noms qui nous sembleraient barbares, et dont aucun du moins ne sonnerait si agréablement que celui d’amour à nos oreilles. Ce dieu d’amour est le propre fils de Vishnou, et par conséquent le petit-fils du Dieu suprême.

Ils ont des usséra ; ce sont des filles charmantes qui chantent dans la musique du ciel, et dont Mahomet pourrait bien avoir emprunté ses houris.

Les Indiens paraissent aussi être les premiers qui aient inventé les salamandres, les ondains, les sylphes et les gnomes ; si pourtant ce n’a pas été une idée naturelle à tous les hommes de peupler le ciel et les quatre éléments.


ARTICLE XXVI.


DU CATÉCHISME INDIEN.


M. Dow nous assure que les brachmanes eurent depuis quatre mille ans un catéchisme, dont voici la substance. C’est un entre-


    d’après les noms d’Adonaï et de Sabaoth, on n’opérera rien ; mais si on se sert des noms propres syriaques Adonaï, Sabaoth, la cérémonie magique aura son plein et entier effet. Origène contre Celse, article 20 et article 262. (Note de Voltaire.) — Les indications de Voltaire se rapportent à l’édition du Traité d’Origène contre Celse, ou Défense de la religion chrétienne contre les accusations des païens, traduit du grec par Élie Bouhereau, Amsterdam, Desbordes, 1700, in-4o, où les huit livres du traité d’Origène sont divisés en ccccxxviii paragraphes. Dans les autres éditions les passages cités par Voltaire sont livre Ier, chap. xxv, et livre V, chap. xlv. (B.)

  1. Voyez tome XV, page 326 ; XVIII, 35, 520 ; XXVIII, 142.