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MEMOIRE[1]


SUR LE PAYS DE GEX


(31 MARS 1775)




On s’occupe depuis longtemps des moyens de repeupler le pays de Gex, d’y ranimer l’industrie et l’agriculture, et de lui procurer les avantages dont sa situation est susceptible. Il était sans doute réservé à la sagesse du gouvernement actuel de remplir un objet si désirable et si intéressant.

Ce pays n’est qu’une langue de terre de sept lieues de longueur, sur trois à quatre de largeur.

Il touche au canton de Berne et à la république de Genève ; il est séparé de la Savoie par le lac Léman et par le Rhône, du Bugey parle fort de l’Écluse, et de la Franche-Comté par les montagnes du Jura, dont le passage est difficile, et n’est ouvert, pour les voitures, que par la seule route des Faucilles, et encore n’est praticable que cinq mois de l’année.

Dans l’enceinte du pays sont enclavés les villages de Bourdigny, Satigny, Peney, Pessy, Russin, Dardagny, Malva, Genthod, et Malagny, qui appartiennent en souveraineté à la république de Genève.

Le surplus est composé de vingt-huit paroisses où l’on compte environ douze mille habitants de tout âge, parmi lesquels est un grand nombre de Suisses, de Genevois et de Savoyards.

Ces vingt-huit paroisses, dont les terres, mal cultivées, ne rendent guère, année commune, que le troisième grain,sup-

  1. Une copie de ce mémoire avait été adressée à M. de Trudaine. Celle que j’ai sous les yeux porte ces mots en marge de la première page : À répondre à M. l’abbé Morellet ou à M. de Voltaire. Le résumé qui termine ce mémoire est, dans notre copie, de la main de Wagnière. (Cl.) — C’est aussi en 1827 que ce Mémoire a paru pour la première fois.