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ARTICLE
EXTRAIT DU MERCURE DE JUIN 1775[1]
SUR
LA SATIRE DE CLÉMENT, INTITULÉE MON DERNIER MOT.




Nous crûmes, en lisant les premiers vers de cet ouvrage, reconnaître un peintre qui voulait imiter la touche de M. de Rulhière dans son Épitre sur la dispute[2], l’un des plus agréables ouvrages de notre siècle ; mais l’auteur de Mon dernier Mot s’écarte bientôt de son modèle. Il dit du mal de tous ceux qui font honneur à la France, à commencer par M. de Rulhière lui-même ; et il proteste qu’il en usera toujours ainsi. Il se vante d’imiter Boileau dans le reste de sa satire ; mais il nous semble que, pour imiter Boileau, il faut parler purement sa langue, donner à la fois de bonnes instructions et de bonnes plaisanteries, surtout ne condamner les vers d’autrui que par des vers excellents.

Voici des vers de la satire de M. Clément :

De Boileau, diront-ils, misérable copiste,

D’un pas timide il suit son modèle à la piste ;
Si l’un n’eût point raillé ni Pradon ni Perrin,

L’autre n’eût point sifflé Marmontel ni Saurin.
  1. Il y est intitulé Mon dernier Mot, satire en vers de M. Clément, sous le faux titre de Genève. Une note au bas de la page dit que cet article est de M. D. V. G. O. D. R. (monsieur de Voltaire, gentilhomme ordinaire du roi). Dans différentes éditions ce morceau est intitulé Sur une satire en vers de M. Clément, etc. Jean-Marie-Bernard Clément, né à Dijon le 25 décembre 1742, est mort à Paris le 3 février 1812. Voltaire l’appelait Clément l’inclément. (B.)
  2. Voltaire trouvait si belle la pièce de Rulhière intitulée Discours en vers sur les Disputes, qu’il l’avait citée et fait réimprimer tout entière dans un de ses ouvrages ; voyez tome XVIII, page 397.