Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/435

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LXXI. — Quelle vraisemblance y a-t-il qu’un roi sage (le roi Jean) eût recherché en mariage Jeanne de Naples, une princesse diffamée ?

La politique l’emporte quelquefois sur la sagesse, qui, d’ailleurs, se dément quelquefois.

LXXII. — Il dit que le gain des batailles est plus souvent un effet des sages dispositions du cabinet des rois que de la valeur de ceux qui les donnent. Il s’explique mal là-dessus, car on sait fort bien que les dispositions du cabinet ne peuvent causer le gain des batailles que pour la précaution d’avoir bien discipliné les troupes, et pourvu aux armes et munitions.

On l’entendait bien ainsi.

LXXIII. — Il dit toujours en parlant des potentats, l’Anglais, le Flamand, le Breton, etc. Il y aurait plus de politesse à parler respectueusement des personnes si élevées.

L’histoire n’est pas assez polie, selon le P. Daniel.

LXXIV. — Il dit : Le Louvre, tout grand qu’il puisse être, le sera toujours beaucoup moins que le roi qui l’a entrepris. Ce raisonnement n’est-il pas très-faux ? Quel rapport peut-on trouver d’un superbe édifice avec la gloire d’un roi ?

Réflexion de flatteur. Mais ce n’est pas le défaut de Mézerai, et ce n’était pas à un jésuite à la trouver mauvaise.

LXXV. — Quel faux raisonnement que celui-ci : Le roi amassa des trésors considérables. Il n’est pas juste de faire des milliers de malheureux pour enrichir un seul homme !

Ou du moins ses courtisans.

LXXVI. — Il dit : Les trésors des rois ne sont bien assurés que dans les coffres de leurs sujets. Voilà parler en docteur !

Pourquoi bâmer Mézerai ? Il ne dit que la vérité.

LXXVII. — Il blâme toutes les impositions.

Mézerai aime un peu trop à blâmer les impôts, et le P. Daniel à les justifier.

LXXVIII. — Il dit : Les richesses immenses ne s’acquièrent jamais sans crimes.

C’est en effet l’ordinaire, surtout quand elles s’acquièrent promptement.