Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/441

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Le P. Daniel, qui se plaint des propositions universelles, en fait là une contre tout le genre humain.

CXVII. — À l’occasion des jugements des consuls, il dit : La chicane meurt d’envie de mettre la griffe sur un morceau si gras qu’est celui du commerce. Ne pouvait-il parler en termes plus doux et plus polis ?

On convient donc du fond.

CXVIII. — Le connétable était sage cunctateur, terme qui n’est pas encore à l’usage de la langue française.

Il devrait l’être ; cunctator Fabius. Mais il n’appartient à personne de faire des mots.

CXIX. — Il dit : Le connétable répondit qu’il n’avait pas vécu quatre-vingts ans sans avoir appris à mourir un quart d’heure. Entend-on bien le sens de cette parole ?

L’histoire lui attribue cette parole, que Mézerai se contente de rapporter.

CXX. — La paix de Biron et de de Mesme est appelée la boiteuse et la mal assise, faisant allusion à Biron, qui était boiteux, et à de Mesme, qui était seigneur de Mal-Assise. Voilà sans doute une fine remarque !

Non ; mais on la fit alors, et cela suffit.

CXXI. — Dans la journée de la Saint-Barthélémy, quantité de catholiques furent dépêchés par l’ordre des puissances souveraines, ou par l’instigation de quelques particuliers. Voilà comme il accuse les souverains et les particuliers !

Il est certain que ce massacre couvrit bien des vengeances particulières.

CXXII. — Le garde des sceaux Biragues, le comte de Rais, confidents de la reine, appréhendaient fort la guerre, parce que les intrigues étaient plutôt leur jeu que les armes. Ne demeura-t-on pas d’accord qu’il n’y a que le peuple qui parle de la sorte ?

Le P. Daniel s’attache trop à la critique des expressions.

CXXIII. — Il dit : Le duc d’Anjou méprisait sa sœur Marguerite, après l’avoir trop chérie. Voilà comme il veut donner l’idée de quelque grand crime.

Le dit-il d’après l’histoire ? Voilà la question.