Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/573

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XVIIe NIAISERIE.
sur du foin.

De l’examen du brigandage, et d’une controverse sur les assassinats, vous passez à des errata et à des correcteurs d’imprimerie. Vous vous plaignez qu’on ait imprimé nyticorax pour nycticorax[1]. Hé, qu’importe à mon ami, et que vous importe ? il y a bien d’autres fautes d’impression dans les ouvrages immenses qu’on lui attribue, et qu’on a mis sous son nom ; c’est bien là une niaiserie misérable !

Je ne devrais point discuter comment il faut traduire ce verset du psaume : « Producens fœnum jumentis et herbam servituti hominum. » Calmet traduit : « Vous produisez le foin pour les bêtes, et l’herbe pour l’usage de l’homme. » Sacy traduit précisément de même. Je n’ai vu aucune traduction, soit catholique, soit protestante, dans laquelle ce verset soit énoncé autrement. Mon ami ne s’est écarté ni de Sacy ni de Calmet ; il les estime tous deux, il ne les a point traités d’imbéciles, comme vous l’en accusez.

Vous venez ensuite, monsieur, et vous nous enseignez qu’il faut traduire : « Du foin pour les bêtes, et de l’herbe pour les bêtes qui servent l’homme ; » vous prétendez que le pléonasme est une figure admirable. Vous prononcez du haut de votre chaire de professeur : « L’herbe et le foin sont synonymes, prenez-y garde ; les hommes ne mangent pas de foin. »

Non, monsieur, herbe et foin ne sont pas toujours synonymes, et il n’y a point de mots qui le soient. Les épinards, l’oseille, la sariette, trente herbes potagères, ne sont pas du foin ; nos salades ne sont pas la nourriture des bêtes, mais de l’homme. Il est vrai que l’homme ne mange pas de foin ; mais il y eut bien des gens autrefois dignes d’en manger.

Si ce n’est pas là une extrême niaiserie, je m’en rapporte à vous-même.

XVIIIe NIAISERIE.
sur jean chatel « piacularis » assassin de henry iv ; laquelle niaiserie tient à des choses horribles.


Voici une calomnie odieuse, dont le fond est une niaiserie puérile, et dont les accompagnements sont atroces.

  1. La faute existe dans toutes les éditions du vivant de Voltaire : elle a été corrigée depuis ; voyez tome XVII, page 217.