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102 ADÉLAÏDE DU GUESCLIN.

COLiCY.

Eh bien ! de vos soupçons quoi est l’objet, qui ?

VENDÔME.

Vous, Vous, dis-jo ; et du refus qui vient de me confondre. C’est vous, ingrat ami, qui devez me répondre. Je sais qu’Adélaïde ici vous a parlé ; En vous nommant à moi, la perfide a tremblé ; Vous affectez sur elle un odieux silence. Interprète muet de votre intelligence : Elle cherche h me fuir, et vous à me quitter. Je crains tout, je crois tout.

COUGY.

Voulez-vous m’écouter ?

VENDÔME.

Je le veux.

COUCY.

Pensez-vous que j’aime encor la gloire ? M’estimez-vous encore, et pourrez-vous me croire ?

VENDÔME.

Oui, jusqu’à ce moment je vous crus vertueux ; Je vous crus mon ami.

COUCY.

Ces titres glorieux Furent toujours pour moi l’honneur le plus insigne ; Et vous allez juger si mon àmc en est digne. Sachez qu’Adélaïde avait touché mon cœur Avant que, de sa vie heureux libérateur, Vous eussiez par vos soins, par cet amour sincère. Surtout par vos bienfaits, tant de droits de lui plaire. Moi, plus soldat que tendre, et dédaignant toujours Ce grand art de séduire inventé dans les cours. Ce langage flatteur, et souvent si perfide, Peu fait pour mon esprit peut-être trop rigide. Je lui parlai d’hymen ; et ce nœud respecté, Resserré par l’estime et par l’égalité. Pouvait lui préparer des destins plus propices Qu’un rang plus élevé, mais sur des précipices. Hier avec la nuit je vins dans vos remparts ; Tout votre cœur parut à mes premiers regards. De cet ardent amour la nouvelle semée. Par vos emportements me fut trop confirmée.