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ACTE III, SCÈNE I. 107

Quo n’i'proiivcz-vous point de sa main soronrahio !

NEMOURS.

Sa fureur m’eût flatté ; son amitié m’accahle.

DANGESTE.

Quoi ! pour être engagé dans d’autres intérêts, Le liaïssez-vous tant ?

NEMOURS.

Je l’aime, et je me liais ; Et, dans les passions de mon âme éperdue, La voix de la nature est encore entendue.

DANGESTE.

Si contre un frère aimé vous avez combattu. J’en ai vu quelque temps frémir votre vertu : Mais le roi l’ordonnait, et tout vous justifie. L’entreprise était juste, aussi bien que hardie. Je vous ai vu remplir, dans cet aftreux combat, Tous les devoirs d’un chef, et tous ceux d’un soldat ; Et vous avez rendu, par des faits incroyables, Votre défaite illustre, et vos fers honorables. On a perdu bien peu quand on garde l’honneur.

NEMOURS.

^’on, ma défaite, ami, ne fait point mon malheur. Du Guesclin, des Français l’amour et le modèle, Aux Anglais si terrible, à son roi si fidèle. Vit ses honneurs flétris par de plus grands revers : Deux fois sa main puissante a langui dans les fers : I ! n’en fut que plus grand, plus fier, et plus à craindre : Et son vainqueur tremblant fut bientôt seul à plaindre. Du Guesclin, nom sacré, nom toujours précieux ! Quoi ! ta coupable nièce évite encor mes yeux ! Ah ! sans doute, elle a dû redouter mes reproches ; Ainsi donc, cher Dangestc, elle fuit tes approches ? Tu n’as pu lui parler ?

DANGESTE.

Seigneur, je vous ai dit Que bientôt…

NEMOURS.

Ah ! pardonne à mon cœur interdit. Trop chère Adélaïde ! Eh bien ! quand tu l’as vue. Parle, à mon nom du moins paraissait-elle émue ?

DANGESTE.

Votre sort en secret paraissait la toucher ;