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186 LE DUC D’ALENÇON.

NK M 01 : Il s.

(Iriicl. i\o notre saut ; — je connais les ardeurs : Toutes les passions sont en nous des fureurs. J’attends la mort de toi ; mais, dans mon malheur même. Je suis assez vengé : Ton te hait, et l’on m’aime.

SCENE IH.

LE DUC DALENÇON, COUCY.

LE DUC.

On t’aime, et tu mourras ! que d’horreurs à la fois ! L’amour, l’indigne amour nous a perdus tous trois !

COLCV.

Il ne se connaît plus, il succombe à sa rage.

LE DUC.

Eh bien ! souffriras-tu ma honte et mon outrage ? Le temps presse : veux-tu qu’un rival odieux Enlève la perfide, et l’épouse à mes yeux ? Tu crains de me répondre. Attends-tu que le traître Ait soulevé mon peuple, et me livre à son maître ?

COUCY.

Je vois trop en effet que le parti du roi

Dans ces cœurs fatigués fait chanceler la foi.

De la sédition la flamme réprimée

Vit encor, dans les cœurs en secret rallumée.

Croyez-moi, tôt ou tard on verra réunis

Les dél)ris dispersés de l’empire des lis ;

L’amitié des Anglais est toujours incertaine ;

Les étendards de France ont paru dans la plaine.

Et vous êtes perdu si le peuple excité

Croit dans la trahison trouver sa sûreté ;

^os dangers sont accrus.

LE DUC.

Cruel, que faut-il faire ? coucv. Les prévenir ; dompter l’amour et la colère. Ayons encor, mon prince, en cette extrémité, Pour prendre un parti sûr assez de fermeté. Nous pouvons conjurer ou braver la tempête ; Quoi que vous décidiez, ma main est toute prête.