Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/286

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GOTTON.

Vous épouser ! qu’à cela ne tienne, dans le moment, dans l’instant, je ne demande pas mieux, je vous jure ; et je voudrais que cela fût déjà fait.

LE CHEVALIER.

Vous ne vous sentez donc pas de répugnance pour un époux qui vous adore ?

GOTTON.

Au contraire, je vous aime de tout mon cœur ; Mme Michelle prétend que je ne devrais rien vous en dire ; mais c’est une radoteuse, et je ne vois pas, moi, quel grand mal il y a de vous dire que je vous aime, puisque vous êtes mon mari, et que vous m’aimez.

LE CHEVALIER, à part.

Elle me charme par sa naïveté.


Scène VII.

LE BARON, LE CHEVALIER, GOTTON, TRIGAUDIN,
MADAME MICHELLE, MERLIN, JÉRÔME, MARTIN.
GOTTON.

Papa, quand est-ce donc qu’on me marie ?

LE CHEVALIER, au baron.

Mademoiselle votre fille, monsieur, daigne agréer les sentiments de mon cœur avec une bonté que vous autorisez. Mais le temps est précieux, vous n’ignorez pas que des rivaux, jaloux de mon bonheur, peuvent tenter les moyens de me supplanter, et de posséder mademoiselle votre fille malgré vous, et même malgré elle.

GOTTON.

Hem ! qu’est-ce que vous dites là ?

LE CHEVALIER, au baron.

Je vous le répète, monsieur, il y a des gens en campagne pour enlever ce trésor ; et si vous n’y prenez garde, Mlle Gotton est perdue aujourd’hui pour vous et pour son mari.

LE BARON.

Par la corbleu ! nous y donnerons bon ordre ; qu’ils s’y jouent, les scélérats ! je vais commencer par enfermer Gotton dans le grenier.