Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/372

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3G^2 VAHIAMKS DE LA MORT DE CÉSAR.

Ainsi do tes forfaits ton lacho cœur abuse : C’est dans un attentat qu’il trouve son excuse.

— Tel un prêtre, s’armant de son couteau sacré, Interroge le flanc par sa main ddchiré ; Tel aux pieds de nos dieux un insensible augure

_^ Pour tromper les mortels outrage la nature.

Crains aussi qu’un poignard, en te perçant le sein, N’atteste nn jour ton crime aux ycu\ du genre buniain.

CIMBKU.

Des suppôts d’un tyran je crains peu la menace : Leur lâclicté voudrait se sauver par Taudace ; Mais cette audace même, au vrai républicain. Ne saurait inspirer que mépris, que dédain. Dolabella, je lis au fond de ta pensée : Tu crois qu’en agitant une tourbe insensée Par toi le peuple entier pourrait être séduit. Esclave, connais mieux l’instinct qui le conduit : Des plus astucieux il sait tromper l’attente ; Il est juste, il voit tout, et sa masse imposante Ne s’élève jamais que contre son tyran : Le peuple souverain n’offre rien que de grand.

DOLABELLA.

Ce géant à cent bras que tout succès enivre Pourra bien se lever, mais c’est pour te poursuivre. Trop souvent inquiet de sa propre grandeur. Prodigue également d’amour et de fureur^ Inconstant dans ses goûts, ingrat, léger, frivole. C’est pour la renverser qu’il se crée une idole. Compte ses favoris trop tard désabusés.

G A s s 1 1 ; s. Tu peins un peuple esclave, et nos fers sont brisés. Lui-même couvrira de toute sa puissance Les bommes généreux qui prennent sa défense.

DOLABELLA.

Est-ce en assassinant que l’on défend ses droits ?

CASSIUS.

C’est le fer à la main que l’on juge les rois. Qui nous asservit meurt : telle est la loi suprême D’un peuple qui, né fier, se respecte lui-même. La justice éternelle a, de ses doigts sanglants, Gravé l’arrêt do mort sur le front des tyrans. L’esclave dégradé, le front bas, insensible, N’ose lever les yeux sur cet arrêt terrible ; Mais l’bomme courageux dont il arme le bras Délivre son pays et n’assassine pas ; A la vertu le sceptre indique la victime : L’assassin de César n’est autre que son crime.

DOLABELLA.

Son crime !… quel est-il ? de vouloir, d’accepter Le sceptre qu’à Pompée il osa disputer.

CASSILS.

Esclave de César, respecte le grand lionmie Qui voulait affranchir et non subjuguer Rome.