Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/42

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32 SAM SON.

DALILA,

Cruel ! ([xw] injuste refus ! Notre hymen en dépend ; nos nœuds seraient rompus.

SAMSON.

Que dites-vous ?…

D A L I L A.

Parlez, c’est l’amour qui vous prie.

SAMSON.

Ah ! cessez d’écouter cette funeste envie.

DALILA,

Cessez de ni’accabler de refus outrageants.

SAMSON.

Eh bien ! vous le vouiez ; l’amour me justifie : Mes cheveux, à mon Dieu consacrés dès longtemps. De ses bontés pour moi sont les sacrés garants : Il voulut attacher ma force et mon courage A de si faibles oi"tiements : Ils sont h lui ; ma gloire est son ouvrage.

DALILA.

Ces cheveux, dites-vous ?

SAMSON.

Qu’ai-je dit ? malheureux ! Ma raison revient ; je frissonne De l’abîme où j’entraîne avec moi les Hébreux.

TOUS DEUX ensemble.

La terre mugit, le ciel tonne. Le temple disparaît, l’astre du jour s’enfuit, L’horreur épaisse de la nuit De son voile affreux m’environne.

SAMSON.

J’ai trahi de mon Dieu le secret formidable. Amour ! fatale volupté ! C’est toi qui m’as précipité

Dans un piège effroyable ; Et je sens que Dieu m’a quitté.

SCÈNE V.

LES PHILISTINS, SAMSON, DALILA.

LE GRAND-PRÊTRE DES PHILISTINS.

Venez ; ce bruit affreux, ces cris de la nature