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Scène 3



Alzire seule.


Ô ciel ! Anéantis ma fatale existence.
Quoi ce dieu que je sers me laisse sans secours !
Il défend à mes mains d’attenter sur mes jours.
Ah j’ai quitté des dieux dont la bonté facile
Me permettait la mort, la mort mon seul asile.
Eh quel crime est-ce donc devant ce dieu jaloux
De hâter un moment qu’il nous prépare à tous ?
Ce peuple de vainqueurs armé de son tonnerre,
A-t-il le droit affreux de dépeupler la terre ?
D’exterminer les miens ? De déchirer mon flanc ?
Et moi je ne pourrai disposer de mon sang ;
Je ne pourrai sur moi permettre à mon courage
Ce que sur l’univers, il permet à sa rage ;
Zamore va mourir dans des tourments affreux,
Barbares !



Scène 4



Zamore enchaîné, Alzire, gardes.



Zamore.

C’est ici qu’il faut périr tous deux.
Sous l’horrible appareil de sa fausse justice,
Un tribunal de sang te condamne au supplice.
Gusman respire encore ; mon bras désespéré
N’a porté dans son sein qu’un coup mal assure.