Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/488

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418 L’ENFANT PRODIGUE.

Œil l)Ion, liez court, teint frais, bouche vermeille,

Et des raisons ! c’était une merveille.

Cela pouvait bien avoir de mon temps,

A bien compter, entre six à sept ans ;

Et cette fleur, avec l’àge embellie,

l->>t en état, ma foi ! d’être cueillie.

EUPHÉMON FILS.

Ail, malheureux !

JASMIN.

Mais j’ai beau te parler, Ce que je dis ne te peut consoler : Je vois toujours à travers ta visière Tomber des pleurs (pii bordent ta paupière.

EUPIIÉMON FILS.

Quel coup du sort, ou (jnel ordre des cieux A pu guider ma misère en ces lieux ? Hélas !

JASMIX,

Ton œil contemple ces demeures ; Tu restes là tout pensif, et tu pleures,

EUPHÉMON FILS.

J’en ai sujet.

JASMIX.

Mais connais-tu Rondon ? Serais-tu pas parent de la maison ?

EUPIIÉMO.X FILS,

Ah ! laisse-moi.

JASMIN, en l’embrassant.

Par charité, mon maître, Mon cher ami, dis-moi qui tu peux être.

EUPHÉMON FILS, en pleurant.

Je suis… je suis un malheureux mortel, Je suis un fou, je suis un criminel, Qu’on doit haïr, que le ciel doit poursuivre, Et qui devrait être mort,

JASMIX.

Songe à vivre ; Mourir de faim est par trop rigoureux : Tiens, nous avons (juatre mains à nous deux ; Servons-nous-en sans complainte importune. Vois-tu d’ici ces gens dont la fortune Est dans leurs bras, (jui, la bêche à la main.