L’auriez-vous déjà vu ?
Qui ?
Noire (’lier patron.
Mon protecteur, le vôtre ?
Eh, qui donc ?
Ariston.
Pourquoi ? que lui veux-tu ?
Ce que je veux ? lui plaire…
Je voudrais pour beaucoup prendre son caractère ;
L’étudier du moins, lui ressembler un peu.
Dites-moi, s’il vous plaît, mon nigaud de neveu.
Bel-esprit de collège, imbécile cervelle.
Pourquoi voulez-vous prendre Ariston pour modèle ?
Pourquoi pas moi ?
Pardon, mais, c’est, mon oncle, c’est…
Qu’Ariston chaque jour se voit l’été, qu’il plaît.
Qu’il réussit partout ; c’est que, sans peine aucune.
Le chemin du plaisir le mène à la fortune ;
Que chacun le recherche, et protite avec lui ;
Tandis que toujours seul vous périssez d’ennui.
Je sens que je pourrais, pour peu qu’on me seconde,
Devenir ci mon tour un homme du beau monde[1].
Pauvre garçon !
Comment en trouver le moyen ?
Le plaisant animal ! il a, je le vois bien.
Juste l’esprit qu’il faut pour faire des sottises.
Par sa simplicité poussons nos entreprises.
- ↑ L’original de Nicodon doit être le jeune Linant, que Voltaire fit admettre à Cirey comme précepteur et qui s’y conduisit avec beaucoup de légèreté. Voyez la Correspondance (année 1734, 1735, etc.). (G. A.)