Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/541

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L’auriez-vous déjà vu ?

ZOÏLIN.

Qui ?

NICODON.

Noire (’lier patron.
Mon protecteur, le vôtre ?

ZOÏLIN.

Eh, qui donc ?

NICODON.

Ariston.

ZOÏLIN.

Pourquoi ? que lui veux-tu ?

NICODON.

Ce que je veux ? lui plaire…
Je voudrais pour beaucoup prendre son caractère ;
L’étudier du moins, lui ressembler un peu.

ZOÏLIN.

Dites-moi, s’il vous plaît, mon nigaud de neveu.
Bel-esprit de collège, imbécile cervelle.
Pourquoi voulez-vous prendre Ariston pour modèle ?
Pourquoi pas moi ?

NICODON.

Pardon, mais, c’est, mon oncle, c’est…
Qu’Ariston chaque jour se voit l’été, qu’il plaît.
Qu’il réussit partout ; c’est que, sans peine aucune.
Le chemin du plaisir le mène à la fortune ;
Que chacun le recherche, et protite avec lui ;
Tandis que toujours seul vous périssez d’ennui.
Je sens que je pourrais, pour peu qu’on me seconde,
Devenir ci mon tour un homme du beau monde[1].

ZOÏLIN, à part.

Pauvre garçon !

NICODON.

Comment en trouver le moyen ?

ZOÏLIN, à part

Le plaisant animal ! il a, je le vois bien.
Juste l’esprit qu’il faut pour faire des sottises.
Par sa simplicité poussons nos entreprises.

  1. L’original de Nicodon doit être le jeune Linant, que Voltaire fit admettre à Cirey comme précepteur et qui s’y conduisit avec beaucoup de légèreté. Voyez la Correspondance (année 1734, 1735, etc.). (G. A.)