Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/563

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NICODON

Il est vrai, près de lui… Mais j’apercois Hortense.

LAURE.

Adieu, je cours la joindre.

NICODON, à part.

Évitons sa présence.

(Il sort précipitamment.)



Scène IV.



HORTENSE, LAURE.

HORTENSE, sortant de son appartement.

Laure, il n’est plus pour moi de paix ni de bonheur,
Je ne peux soutenir l’excès de ma douleur.
Partons, fuyons ces lieux.

LAURE.

Eh ! qui peut donc, madame,
Troubler en ce moment le calme de votre âme ?
Rien ne semblait encor l’altérer ce matin.

HORTENSE

Oui, chacun prenait part à notre heureux destin.
Ariston parmi nous répandait l’allégresse ;
De l’époux qui m’est cher l’amitié, la tendresse,
Partageaient nos beaux jours et remplissaient mon cœur
Sous nos yeux éclataient la joie et le bonheur.
Entourés des vertus, du travail, de l’aisance,
Et des accents si doux de la reconnaissance.
Au comble de nos vœux, quel démon en fureur
Jette ici tout à coup le désordre et l’horreur ?

LAURE.

Des envieux peut-être, à l’ombre du mystère…

HORTENSE

Écoute : tu connais ce noble monastère
Où, délaissant le monde et ses plaisirs trompeurs,
D’un calme inaltérable on goûte les douceurs,
Loin de la calomnie et de la médisance ;
Eh bien ! j’ai résolu, connaissant ta constance,
D’aller en cet asile, avec toi seulement.
Cacher à tous les yeux ma honte et mon tourment.
Je n’ai point d’autre espoir : échappée au naufrage,