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ACTE III


JUPITER, MERCURE

 Le théâtre représente le palais de Jupiter, brillant d'or et de lumière

JUPITER.

J'ai vu cet objet sur la terre animé ;
Je l'ai vu, j'ai senti des transports qui m'étonnent :
Le ciel est dans ses yeux[1], les grâces qui l'environnent ;
Je sens que l'amour l'a formé.

MERCURE.

Vous régnez, vous plairez, vous la rendrez sensible.
Vous allez éblouir ses yeux à peine ouverts.

JUPITER.

Non, je ne fus jamais que puissant et terrible :
Je commande à l'Olympe, à la terre, aux enfers ;
Les coeurs sont à l'Amour. Ah ! que le sort m'outrage !
Quand il donna les cieux, quand il donna les mers,
Quand il divisa l'univers,
L'Amour eut le plus beau partage.

MERCURE.

Que craignez-vous ? Pandore à peine a vu le jour,
Et d'elle-même encore à peine a connaissance :
Aurait-elle senti l'amour
Dès le moment de sa naissance ?

JUPITER.

L'Amour instruit trop aisément.
Que ne peut point Pandore ? elle est femme, elle est belle.
La voilà : jouissons de son étonnement.
Retirons-nous pour un moment
Sous les arcs lumineux de la voûte éternelle.
Cieux, enchantez ses yeux, et parlez à son coeur ;

  1. Cet hémistiche est dans la Henriade, chant VII, vers 156. (B.)