Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/598

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PANDORE.

Oui, j'aime, oui, doux plaisirs, vous redoublez ma flamme ;
Mais vous redoublez ma douleur.
Dieux charmants, si c'est vous qui faites le bonheur,
Allez au maître de mon âme.

JUPITER.

Ciel ! ô ciel ! quoi ! mes soins ont ce succès fatal ?
Quoi ! j'attendris son âme, et c'est pour mon rival !

MERCURE., arrivant sur la scène.

Jupiter, arme-toi du foudre ;
Prends tes feux, va réduire en poudre
Tes ennemis audacieux.
Prométhée est armé ; les Titans furieux
Menacent les voûtes des cieux ;
Ils entassent des monts la masse épouvantable :
Déjà leur foule impitoyable
Approche de ces lieux.

JUPITER.

Je les punirai tous... Seul, je suffis contre eux.

PANDORE.

Quoi ! vous le puniriez, vous qui causez sa peine ?
Vous n'êtes qu'un tyran jaloux et tout-puissant.
Aimez-moi d'un amour encore plus violent,
Je vous punirai par ma haine.

JUPITER.

Marchons, et que la foudre éclate devant moi.

PANDORE.

Cruel ! ayez pitié de mon mortel effroi :
Jugez de mon amour, puisque je vous implore.

JUPITER, à Mercure.

Prends soin de conduire Pandore.
Dieux, que mon coeur est désolé !
J'éprouve les horreurs qui menacent le monde.
L'univers reposait dans une paix profonde[1] ;
Une beauté paraît, l'univers est troublé.

Il sort


PANDORE.

O jour de ma naissance ! ô charmes trop funestes !
Désirs naissants, que vous étiez trompeurs !

  1. Racine à dit dans Almexandrez, acte II, scène II:

    L’Inde se reposait dans une paix profonde. (B.)