Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/609

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Chef-d'oeuvre de mes mains, idole de mon coeur,
Répondez à ma douleur.
Je la vois, de ses sens elle a perdu l'usage.

PANDORE.

Ah ! je suis indigne de vous ;
J'ai perdu l'univers, j'ai trahi mon époux.
Punissez-moi : nos maux sont mon ouvrage.
Frappez.

PROMETHEE

.

Moi, la punir !

PANDORE.

Frappez, arrachez-moi
Cette vie odieuse
Que vous rendiez heureuse,
Ce jour que je vous doi.

CHOEUR DES NYMPHES

Tendre époux, essuyez ses larmes ;
Faites grâce à tant de beauté :
L'excès de sa fragilité
Ne saurait égaler ses charmes.

PROMETHEE

Quoi ! malgré ma prière, et malgré vos serments,
Vous avez donc ouvert cette boite odieuse ?

PANDORE.

Un dieu cruel, par ses enchantements,
A séduit ma raison faible et trop curieuse.
O fatale crédulité !
Tous les maux sont sortis de ce don détesté,
Tous les maux sont venus de la triste Pandore.

L'AMOUR, descendant du ciel

,

Tous les biens sont à vous, l'Amour vous reste encore.


(Le décor change, et représente le palais de l'Amour.


L'AMOUR, continue.

Je combattrai pour vous le Destin rigoureux.
Aux humains j'ai donné l'être ;
Ils ne seront point malheureux
Quand il n'auront que moi pour maître.

PANDORE.

Consolateur charmant, dieu digne de mes voeux,
Vous qui vivez dans moi, vous, l'âme de mon âme,
Punissez Jupiter en redoublant la flamme
Dont vous nous embrasez tous deux.