Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/106

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Si vous ne m’écoutez point, si vous n’exécutez pas mes ordres,… voici ce que je vous ferai. Je vous affligerai de pauvreté ; je vous donnerai des fluxions cuisantes sur les yeux… si après cela vous ne m’obéissez pas, je vous châtierai sept fois davantage ; je briserai votre dureté superbe ; la terre ne vous produira plus de grain, vos arbres de fruits ; le ciel d’enhaut sera de fer, et la terre d’airain. Si vous marchez encore contre moi, et si vous ne voulez pas m’écouter, je multiplierai vos playes sept fois davantage ; j’enverrai contre vous des bêtes qui vous mangeront, vous, et vos troupeaux. Si après cela vous ne recevez point ma discipline, et si vous marchez encore contre moi, je marcherai aussi contre vous, et je vous frapperai sept fois davantage : je ferai venir sur vous l’épée, qui vengera mon pacte… je vous enverrai la peste… dix femmes cuiront du pain dans le même four… et si après cela vous ne m’écoutez point encore, et si vous marchez contre moi, je marcherai encore contre vous, et je vous châtierai par sept playes, de sorte que vous mangerez vos fils et vos filles [1]. Tout ce qui aura été offert par consécration de l’homme au seigneur, ne se rachetera point, mais mourra de mort [2]..

    aujourd’hui trop barbare pour de jeunes paysans, qui seuls sont coupables de cette infamie, et qui ne different gueres des animaux avec lesquels ils s’accouplent.

  1. des menaces à peu près semblables se trouvent dans le deutéronome au chap 28. Sur quoi les critiques remarquent toujours, que jamais on ne parle aux juifs de peines et de récompenses dans une autre vie. Ils mangeront dans celle-ci leurs enfans. Cette menace est terrible ; et c’est la plus grande que des législateurs, ignorant le dogme de l’immortalité de l’ame, et n’ayant aucune idée saine de l’ame, purent imaginer alors. Ce ne fut que vers le temps où Jesus-Christ vint au monde, que ce grand dogme des ames immortelles fut connu des juifs. Encore l’école entiere des saducéens le niait absolument. Les critiques osent ajouter à cette réflexion, qu’ils ne reconnaissent pas la majesté divine dans les discours qu’on lui fait tenir. Mais qui de nous peut savoir quel est le langage de Dieu ? C’est à nous de révérer ce que les livres saints mettent dans sa bouche : ce langage, quel qu’il soit, ne peut avoir rien de proportionné au nôtre ; et toute la suite nous convaincra de cette vérité.
  2. c’est ici le fameux passage sur lequel tant de savants se sont exercés. C’est delà qu’ils ont conclu que les juifs immolaient des hommes à leur dieu, comme ont fait tant d’autres nations dans leurs dangers et dans leurs calamités. Ils se fondent sur ces paroles, et sur le texte de Jephté, comme nous le verrons en son lieu. Les juifs appellaient cette consécration le dévouement, l’anathême. Ainsi nous verrons qu’Acan fut dévoué avec toute sa famille et son bétail. Les peres pouvaient dévouer leurs enfans. Tout cela s’expliquera dans la suite. On a passé dans le Lévitique tout ce qui ne regarde que les cérémonies, et on s’est attaché principalement à l’historique : c’est ainsi qu’on en usera dans tout le reste de cet ouvrage, excepté quand ce qui est rite, précepte, cérémonie, tient à l’histoire et à la connaissance des mœurs. (id.)