Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/122

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Après que le sang des criminels eut été répandu, le seigneur dit à Mosé et à éléasar fils d’Aaron qui était mort

nombrez tous les

enfants d’Israël depuis vingt ans et au-dessus par familles ; tous ceux qui peuvent aller à la guerre… et le dénombrement étant achevé, il s’en trouva six-cents et un mille sept-cents trente [1]. Le seigneur parla ensuite à Mosé, disant : venge premiérement les enfans d’Israël des madianites. Et après cela tu mourras, et tu seras réuni à ton peuple aussitôt. Mosé dit au peuple : faites prendre les armes, afin qu’on venge le seigneur des madianites ; prenez mille hommes de chaque tribut. Ils choisirent donc mille hommes de chaque tribut, douze mille hommes prêts à combattre. Ils combattirent donc contre les madianites et tuerent tous les mâles, et leur roi Hévi, Recem, Sur, Hur, et Rébé, et Balaam fils de Béhor, et ils prirent leurs femmes, leurs petits enfans, leurs troupeaux, tous leurs meubles, et ils pillerent tout et ils brûlerent villes, villages, châteaux… et Mosé se mit en colere contre les tribuns et les centurions, et leur dit : pourquoi avez-vous épargné les femmes ? Ne sont-ce pas elles qui ont séduit les enfans d’Israël, selon le conseil de Balaam ?… tuez tous les enfans, égorgez toutes les femmes qui ont connu le coït, mais, réservez-vous toutes les filles et toutes les vierges… et on trouva que le butin que l’armée avait pris était de six cents soixante et quinze mille brebis, de soixante et douze mille bœufs, de soixante et un mille ânes, de trente-deux mille.

    ainsi :c’est-à-dire, que tout homme sage doit percer par les génitoires les hommes et les femmes qu’il trouvera couchés ensemble, et ensuite égorger tout ce qu’il rencontrera dans son chemin jusqu’au nombre de vingt-quatre mille.

  1. nous avions compté que les israëlites étant sortis d’égypte au nombre de plus de six cents mille combattans, le nombre des femmes étant à peu près égal à celui des hommes, et tous les juifs se mariant, tous étant nourris par un miracle, l’armée pouvait être, au bout de quarante ans, de douze cents mille hommes. On n’en trouve cependant ici qu’environ six cents mille. Il faut considérer qu’il en était mort beaucoup dans la marche pénible et continuelle au milieu des déserts : le seigneur en avait fait tuer vingt-trois mille pour le veau d’or ; quatorze mille deux cents cinquante pour Coré et Dathan ; vingt-quatre mille pour les filles madianites : somme totale, soixante et un mille deux cents cinquante ; sans compter les princes d’Israël, que le seigneur fit mourir pour le péché commis avec les madianites, et ceux qui moururent de maladie : outre cela le seigneur voulut que toute la race, qui avait murmuré dans le désert, fût entiérement détruite, et n’entrât point dans la terre promise. Ainsi trois millions d’hommes sortis d’égypte moururent dans ces déserts, et six cents mille, qui étaient nés dans ces mêmes déserts, resterent pour conquérir le petit pays de Canaan.