Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/198

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Dieu me traite encore plus mal que toi, si je ne donne à David ton trône comme Dieu a juré de le lui donner, et si je ne transfere le regne de la maison de Saül à celle de David, depuis Dan jusqu’à Bersabée. Isboseth n’osa répondre à Abner, parce qu’il le craignait… après cela Abner parla aux anciens d’Israël… il alla trouver David à Hébron, et il arriva accompagné de vingt hommes… et David lui fit un festin… mais Joab étant sorti d’auprès de David, envoya après Abner, sans que David le sut ; et lorsqu’il fut arrivé à Hébron, il tira Abner à part, et le tua en trahison en le perçant par les parties génitales… le roi Isboseth fils de Saül, ayant appris qu’Abner avait été tué à Hébron, perdit courage…[1]. Or Isboseth avait à son service deux capitaines de voleurs dont l’un s’appellait Baana, et l’autre Rachab. Or Rachab et Baana entrerent la nuit dans la maison d’Isboseth et le tuerent dans son lit ; et ayant marché toute la nuit par le chemin du désert, ils présenterent à David la tête d’Isboseth fils de Saül… David commanda à ses gens de les tuer ; et ils les tuerent…[2].

    du ciel ne dispose plus du gouvernement ; on ne voit plus de ces aventures que les incrédules traitent de romanesques, et dans lesquelles les sages commentateurs reconnaissent la simplicité des temps antiques ; tout se fait, comme par-tout ailleurs, par les passions humaines. Le roi Isboseth est mécontent de son général Abner ; et Abner, mécontent de son roi, le trahit pour se donner à David. Joab général de David est jaloux d’Abner ; il craint d’être supplanté par lui, et il l’assassine. Deux chefs de voleurs, qui ont vendu leurs services au roi Isboseth, l’ayant massacré, croient qu’ils obtiendront une grande récompense de David son compétiteur. David, pour se dispenser de les payer, les fait assassiner eux-mêmes. Il semble qu’on lise l’histoire des successeurs d’Alexandre, qui signalerent les mêmes perfidies et les mêmes cruautés sur un plus grand théatre.

  1. il faut qu’il y ait ici quelque méprise de la part des copistes ; car il n’est pas possible que le roi Isboseth ait perdu courage, uniquement parce qu’on avait assassiné son nouvel ennemi Abner ; il perdit sans doute courage, quand son général Abner l’abandonna pour passer au service de son compétiteur David : il y a quelque chose d’oublié ou de transposé dans le texte. Plusieurs incrédules nous reprochent de recourir si fréquemment à la ressource d’imputer tant de fautes aux copistes : ils affirment qu’il était aussi aisé à l’esprit saint de conduire la plume des scribes que celle des auteurs. Nous les confondons en disant, que les scribes n’étaient pas sacrés, et que les auteurs juifs l’étaient.
  2. c’est une excellente politique ; on pourrait la comparer à celle de César qui fit mourir les assassins de Pompée, s’il était permis de comparer les petits événements d’un pays aussi chétif que la Palestine aux grandes révolutions de la république romaine. Il est vrai qu’Isbozeth est fort peu de chose devant Pompée ; mais l’histoire de Pompée et de César n’est que profane ; et l’on sait que la juive est divine.