Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/209

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Et la fureur du seigneur se joignit à sa fureur contre les israélites, et elle excita David contre eux, en lui disant : va, dénombre Israël et Juda… le roi dit donc à Joab chef de son armée : promene-toi dans toutes les tribus d’Israël, depuis Dan jusqu’à Bersabé ; dénombre le peuple, afin que je sache son nombre… et Joab ayant parcouru toute la terre pendant neuf mois et vingt jours, il donna au roi le dénombrement du peuple ; et l’on trouva dans les tribus d’Israël huit cents mille hommes robustes tirants l’épée, et dans Juda cinq cents mille combattants… le lendemain au matin David s’étant levé, la parole de Dieu s’adressa au prophete Gad, lequel était le devin, le voyant de David… Dieu dit à Gad : va, et parle ainsi à David : voici ce que dit le seigneur. De trois choses choisis-en une, afin que je te la fasse ; ou tu auras la famine sur la terre pendant sept ans ; ou tes ennemis te battront, et tu fuiras pendant trois mois ; ou la peste sera dans ta terre pendant trois jours : délibere, et voi ce que tu veux que je dise à Dieu qui m’a envoyé[1].

    est aussi lâche que la conduite de David-même, et ajoute encore un degré de scélératesse. De quelque côté qu’on se tourne, on ne trouve dans toute cette histoire que l’assemblage de tous les crimes, de toutes les perfidies, de toutes les infamies, au milieu de toutes les contradictions. Ces reproches sanglants font dresser les cheveux à la tête. Le r p Don Calmet repousse ces invectives en disant, que David avait ordre de la part de Dieu, qu’il avait consulté, et que David ne fut ici que l’exécuteur de la volonté de Dieu ; et il cite Estius, Grotius, et les antiquités de Flavien Joseph.

  1. il y a beaucoup de choses importantes à remarquer dans cet article. D’abord, le texte de la vulgate dit expressément, que la fureur de Dieu redoublée inspira David, et le porta, par un ordre positif, à faire ce dénombrement, que Dieu punit ensuite par le fleau le plus destructif. C’est ce qui fournit un prétexte à tant d’incrédules de dire ; que Dieu est souvent représenté chez les juifs comme ennemi du genre humain, et occupé de faire tomber les hommes dans le piege. Secondement, le seigneur a lui-même ordonné trois dénombrements dans le pentateuque. Troisiémement, rien n’est plus utile et plus sage, comme rien n’est plus difficile, que de faire le dénombrement exact d’une nation ; et non seulement cette opération de David est très prudente, mais elle est sainte, puisqu’elle lui est ordonnée par la bouche de Dieu même. Quatriémement, tous les incrédules crient à l’exagération, à l’imposture, au ridicule, d’admettre à David treize cents mille soldats dans un si petit pays ; ce qui ferait, en comptant seulement pour soldats le cinquieme du peuple, six millions cinq cents mille ames ; sans compter les cananéens et les philistins, qui venaient tout récemment de livrer quatre batailles à David, et qui étaient répandus par toute la Palestine. Cinquiémement, le livre des paralipomenes, qui contredit très souvent le livre