Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/229

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Après plusieurs jours le verbe d’Adonaï fut fait à élie, disant : va, montre-toi au roi Achab, afin que je fasse tomber la pluie sur la face de la terre. élie alla donc pour se montrer au roi Achab… or il y avait alors grande famine sur la terre[1]. Achab vint aussi-tôt devant élie, et lui dit : n’es-tu pas celui qui trouble Israël ? élie lui répondit : ce n’est pas moi qui trouble Israël ; c’est toi et la maison de ton pere, quand vous avez tous abandonné Adonaï et suivi Baal… fais assembler tout le peuple sur le mont Carmel, avec tes quatre cents cinquante prophetes de Baal, et avec tes quatre cents prophetes des bocages, qui mangent de la table de ta femme Jésabel… Achab fit donc venir tous les enfans d’Israël ; et il assembla ses prophetes sur le mont Carmel… élie dit : qu’on me donne deux bœufs ; qu’ils en choisissent un pour eux, et que l’ayant coupé par morceaux ils le mettent sur le bois, sans mettre du feu par-dessous[2]. Et moi, je prendrai l’autre bœuf ; je le mettrai sur du bois, sans mettre du feu par-dessous… invoquez tous le nom de vos dieux ; et moi j’invoquerai le nom du mien. Que le dieu, qui exaucera par le feu, soit dieu ! Tout le monde lui répondit : très-bonne proposition. Les prophetes d’Achab, ayant donc pris leur bœuf, invoquerent le nom de Baal jusqu’à midi, disant : Baal, exauce-nous. Et Baal ne disait mot. Ils sautaient par-dessus l’autel ; il était déja midi. Et élie se moquait d’eux en disant : criez plus fort ; car Baal est un dieu ; il parle peut-être à quelqu’un ; ou il est au cabaret, ou il voyage, ou il dort, et il faut le réveiller. Ils se mirent donc à crier encore plus ; ils se firent des incisions selon leurs rites avec des couteaux et des lancettes, jusqu’à ce qu’ils fussent couverts de sang[3].

    yeux. Les impies ont prétendu conclure qu’élisée lui-même était le pere de cet enfant, parce que le mari de la mere était fort vieux, et que Gihézi, valet d’élisée, qui lui amena cette femme dans sa chambre, lui dit : ne vois-tu pas ce qu’elle te demande ? Mais il n’est pas permis de soupçonner ainsi un prophete. Nous ne répondrons point à ceux qui nient absolument tous les miracles d’élie et d’élisée, et jusqu’à l’existence de ces deux hommes. contra negantem principia non est disputandum.

  1. toujours la famine dans la terre de promission. Il y a encore une autre famine du temps d’élisée. à peine Abraham y était-il arrivé qu’il y eut famine ; et il y avait encore famine lorsque Joseph, le juif, gouvernait l’égypte despotiquement.
  2. le mont Carmel appartenait aux sidoniens. On sait que c’est sur cette montagne que le prophete élie fonda les carmes. Ces savants moines ont plus d’une fois traité d’hérétiques ceux qui ont osé combattre cette vérité.
  3. il est évident, par l’acceptation universelle et soudaine que les israélites font de l’offre d’élie, qu’ils étaient dans la bonne foi. Il n’est pas moins évident que leurs prêtres avaient une confiance aussi grande