Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/250

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Ainsi un des prêtres captifs de Samarie, y étant revenu, leur apprit la maniere dont ils devaient adorer Adonaï…[1]. Ainsi chacun de ces peuples se forgea son dieu ; et ils mirent leurs dieux dans leurs temples, et dans les hauts lieux. Chaque peuplade mit le sien dans les villes où elle habitait. Les babyloniens firent leur soccoth Bénoth, les cuthéens leur Nergel, les émathiens leur Asima, les hévéens leur Nébahas et Terthah, pour ceux de Sépharvaïm ils brûlerent leurs enfants en l’honneur d’Adramélec et d’Anamélec. Or tous ces peuples adoraient Adonaï, et ils prirent les derniers venus pour prêtres des hauts lieux… et comme ils adoraient Adonaï, ils servaient aussi leurs dieux, selon la coutume des nations transplantées en Samarie… [2]. La quatorzieme année du roi ézéchias roi de Juda, Sennachérib roi des assyriens vint attaquer toutes

    qui professaient ouvertement cette religion, et qu’ils ne l’avaient point encore portée à Babylone ; elle n’y fut introduite que par le conquérant Kir ou Kosrou, que nous nommons Cyrus.

  1. on reste stupéfait quand on voit, qu’aussitôt que cette nouvelle peuplade fut instruite du culte d’Adonaï, elle adora une foule de dieux asiatiques inconnus, Soccot Bénot, Nergel, Asima, Tartha, Adramélec, Anamélec, et qu’on brûla des enfants aux autels de ces dieux étrangers. M Basnage, dans ses antiquités judaïques, nous apprend que, selon plusieurs savants, ce fut ce prêtre hébreu, envoyé aux nouveaux habitants de Samarie, qui composa le pentateuque. Ils fondent leur sentiment sur ce qu’il est parlé dans le pentateuque de l’origine de Babylone, et de quelques autres villes de la Mésopotamie que Moyse ne pouvait connaître ; sur ce que ni les anciens samaritains, ni les nouveaux, n’auraient voulu recevoir le pentateuque de la main des hébreux de la faction de Juda, leurs ennemis mortels ; sur ce que le pentateuque samaritain est écrit en hébreu, langue que ce prêtre parlait, n’ayant pu avoir le temps d’apprendre le chaldéen ; sur les différences essentielles entre le pentateuque samaritain et le nôtre. Nous ne savons pas qui sont ces savants. M Basnage ne les nomme pas.
  2. Hérodote parle d’un Sennaérib, qui vint porter la guerre sur les frontieres de l’égypte, et qui s’en rétourna parce qu’une maladie contagieuse se mit dans son armée ; il n’y a rien là que dans l’ordre commun. Que le roitelet de la petite province de Juda s’humilie devant le roi Senna Rérib, qu’il lui paie trente talents d’argent, et trente talens d’or, c’est une somme très forte dans l’état où était alors la Judée ; cependant ce n’est point une chose absolument hors de toute vraisemblance : mais que le prophete Isaïe vienne de la part de Dieu dire à ézéchias que le roi Senna Chérib a blasphémé ; qu’un ange vienne du haut du ciel frapper et tuer cent quatre-vingts cinq mille hommes d’une armée chaldéenne ; et que cette exécution, aussi épouvantable que miraculeuse, soit inutile, qu’elle n’empêche point la ruine de Jérusalem ; c’est-là ce qui semblerait justifier l’incrédulité des critiques, si quelque chose pouvait les rendre excusables. Ils ne comprennent pas comment le seigneur, protégeant la tribu de Juda, et tuant cent quatre-vingts-cinq milles de ses ennemis, abandonne, sitôt après, cette tribu