Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/314

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cents. Mais enfin il parle d’enfants tués : on peut dire qu’il entend les enfants massacrés sous Hérode dans la sédition excitée par un maître d’école ; sédition rapportée dans Joseph. Quoiqu’il en soit, le témoignage de Macrobe n’est pas comparable à celui de st Matthieu.

VIII. Καὶ ἐλθὼν ϰατῴϰησεν εἰς πόλιν λεγομένην Ναζαρὲτ, ὅπως πληρωθῇ τὸ ῥηθὲν διὰ τῶν προφητῶν, ὅτι Ναζαραῖος ϰληθήσεται.

Et quand il fut venu, il habita dans une ville qui s’appelle Nazareth, afin que s’accomplît ce qui a été prédit par les prophètes : on l’appellera Nazaréen. (Matth., chap. ii, v. 23.)

Les critiques se récrient sur ce verset. Ils attestent tous les prophetes juifs, dont aucun n’a dit que le messie serait appellé nazaréen. Ils prennent occasion de cette fausseté prétendue, pour insinuer que l’auteur de l’évangile selon st Matthieu a été un chrétien du commencement de notre second siecle, qui a voulu trouver toutes les actions de Jésus prédites dans l’ancien testament. Ils croient en voir la preuve dans le soin même que prend l’évangéliste de dire, que le massacre des enfants est prédit dans Jérémie par ces paroles : « Une voix, une grande plainte, un grand hurlement, s’est entendu dans Rama ; Rachel pleurant ses fils n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus ».

Ces paroles de Jérémie regardent visiblement les tribus de Juda et de Benjamin, menées captives à Babylone. Rachel n’a rien de commun avec Hérode ; Rama rien de commun avec Bethléem. Ce n’est, disent-ils, qu’une comparaison que fait l’auteur entre d’anciennes cruautés exercées par les babyloniens, et les barbaries qu’on suppose à Hérode. Ils osent prétendre qu’il en est de-même quand l’auteur, au premier chapitre, fait parler aussi l’ange à Joseph pendant son sommeil. Tout cela s’est fait pour accomplir ce que le seigneur a dit par le prophete, disant : « Voilà qu’une fille ou femme sera grosse ; elle enfantera un fils, dont le nom sera Emmanuel, ainsi interprêté, avec nous le seigneur ».

Ils soutiennent que cette aventure d’Isaïe, qui fit un enfant à sa femme, ne peut avoir le moindre rapport avec la naissance de Jésus ; que ni le fils d’Isaïe, ni le fils de Marie, n’eurent nom Emmanuel ; que le fils du prophete s’appella maher-salal-has-bas, partagez vite les dépouilles ; que le butin et les dépouilles ne peuvent être comparés, par les allusions même les plus fortes, à Jésus-