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382 ARTICLES EXTRAITS

Il y a eu même des morceaux considérables que le traducteur de Sterne n'a pas osé rendre en français, comme la formule d'excommunication usitée dans l'église de Rocliester : nos bien- séances ne l'ont pas permis.

On croit que l'on n'achèvera pas plus la traduction entière de Tristram Shandy ^ que celle de Shakespeare. INous sommes dans un temps où l'on tente les ouvrages les plus singuliers, mais non pas où ils réussissent.

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-De r Homme, ou des Principes et des Lois de V Influence de l'Ame sur le Corps, et du Corps sur l'Ame; en 3 vol. in-12, par J.-P. Marat, docteur en médecine. A Amsterdam, chez Marc-Michel Rey, 1775.

L'auteur est pénétré de la noble envie d'instruire tous les hommes de ce qu'ils sont, et de leur apprendre tous les secrets que l'on cherche en vain depuis si longtemps.

Qu'il nous permette d'abord de lui dire qu'en entrant dans cette vaste et difficile carrière, un génie aussi éclairé que le sien devrait avoir quelques ménagements pour ceux qui l'ont par- courue.

Il eût été sage et utile de nous montrer des vérités neuves, sans dépriser celles qui nous ont été annoncées par MM. de Buf- fon, Haller, Lecat, et tant d'autres. Il fallait commencer par rendre justice à tous ceux qui ont essayé de nous faire connaître l'homme, pour se concilier du moins la bienveillance de l'être dont on parle ; et quand on n'a rien de nouveau à dire, sinon que le siège de l'àme est dans les méninges, on ne doit pas pro- diguer le mépris pour les autres, et l'estime pour soi-même, à un point qui révolte tous les lecteurs, à qui cependant l'on veut plaire.

\. Elle ne fut pas, en effet, continuée par Prenais ; ce furent deux autres tra- ducteurs qui l'achevèrent; voyez la note, page 379.

2. « Cet article est de la même personne qui a biea voulu nous envoyer celui de Tristram Shandy dans le dernier numéro, ^'ous marquei'ons désormais d'une * tous ceux dont il nous fera présent. » Telle est la note mise au bas de cet article dans la Galette de politique et de littérature, du 5 mai 1777. L'auteur de Touvrage dont Voltaire rend compte est le fameux Jean-Paul Marat, ne en 1744, dans la principauté de Neufchàtel, assassiné par Charlotte Corday le 13 juillet 1793. (B.)

— Si le patriarche de Ferney pince si fort dans sa critique le médecin philo- sophe, c'est que Marat était non-seulement de la patrie de Joan-Jacques, mais encore de son école: il phrasait. (G. A.)

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