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DU JOURNAL DE POLITIQUE, ETC. 389

avec une inscription grecque, sur le chemin de Rome? Aimeriez- vous mieux vivre sous un Julien, qui écrira une déclamation de rhétorique contre vous? Serez-vous mieux sous ïhéodose, qui vous invitera à la comédie, vous et tous les citoyens de votre ville, et qui vous fera tous égorger dès que vous aurez pris vos places? Les Français ont-ils été plus malheureux après la Jjataille de Montlhéry, sous Louis XI, qu'après la hataille d'Hochstedt, sous Louis XIV? L'Espagne, qui n'est peuplée aujourd'hui que d'environ sept millions d'hommes, en a-t-elle eu autrefois cin- quante millions? La France en a-t-elle eu trente-six millions? En quelque grand ou petit nombre qu'aient été les habitants de ces contrées, avaient-ils plus de commodités de la vie, plus d'arts, plus de connaissances? Leur raison était-elle plus cultivée sous la maison de Bourbon que sous la maison de Clotaire? Quelles ont été les principales causes des malheurs épouvantables sous lesquels le genre humain a presque toujours été écrasé? C'est là le problème que l'auteur essaye de résoudre. Ce n'est point un faiseur de systèmes qui veut éblouir; ce n'est point un charlatan qui veut débiter sa drogue : c'est un gentilhomme instruit, qui s'exprime avec candeur; c'est Montaigne avec de la méthode.

��IV.

'Histoire véritable des temps fabuleux; ouvrage qui, en dévoilant le vrai, que les histoires ont travesti ou altéré, sert à éclaircir les antiquités des peuples, et surtout à venger V Histoire sainte ; par M. Guérix-Durocber, prêtre; 3 volumes d'environ 470 pages chacun, chez Charles- Pierre Berton, libraire, rue Saint-Victor.

On ne peut qu'applaudir au louable dessein de M. Guérin Durocher : personne ne paraît plus capable que lui de profiter des tentatives qu'on a faites depuis Jules Africain jusqu'à Bochart et à Kennicott, pour jeter quelque lumière dans l'horrible chaos de l'antiquité.

Si nous osions faire quelques représentations au savant auteur

1. Ce morceau, inséré dans le Journal de politique et de littérature du 25 mai 1777, était accompagné des mots : « Cet article est de M. de V*** ; » indi- cation qui, comme nous l'avons dit à la page précédente, contraria Voltaire.

Il existe une Lettre à M. de La Harpe, folliculaire des philosophes, en réponse à la critique contre l'ouvrage de M. Guérin Durocher, insérée sous le nom de M. de Voltaire dans le quinzième numéro du Journal de politique et de littérature, in-I2 de cinquante-trois pages. (B.)

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