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414 COMMENTAIRE

n'a voulu parler que des lois fondamentales. Sur quoi je deman- derais : Qu'entendez-vous par les lois fondamentales? Sont-cedes lois primitives qu'on ne puisse pas changer? Mais la monarchie était fondamentale à Rome, et elle fit place à une loi contraire.

La loi du christianisme, dictée par Jésus-Christ, fut ainsi énoncée : « Il n'y aura point parmi vous de premier ; si quelqu'un veut être le premier, il sera le dernier. » Or voyez, je vous prie, comme cette loi fondamentale a été exécutée. La huile d'or de Charles IV est regardée comme une loi fondamentale en Alle- magne : on y a dérogé en plus d'un article. Puisque les hommes ont fait leurs lois, il est clair qu'ils peuvent les abolir. Il est à remarquer que ni Grotius, ni les auteurs du Dictionnaire encyclo- 2)édique, ni Montesquieu, n'ont traité des lois fondamentales.

A l'égard de la noblesse, à laquelle Montesquieu impute tant de frivolité, tant de mépris pour le gouvernement civil, tant d'in- capacité de garder des registres, il pouvait se souvenir que la diète de Ratisbonne, la chambre des pairs à Londres, le sénat de Venise, sont composés de la plus ancienne noblesse de l'Eu- rope K

IX.

« La vertu n'est point le principe du gouvernement monar- chique. Dans les monarchies, la politique fait faire les grandes choses avec le moins de vertu qu'elle peut... L'ambition dans l'oisiveté, la bassesse dans l'orgueil, le désir de s'enrichir sans travail, l'aversion pour la vérité, la flatterie, la trahison, la per- fidie, l'abandon de tous ses engagements, le mépris des devoirs du citoyen, la crainte de la vertu du prince, l'espérance de ses faiblesses, et, plus que tout cela, le ridicule perpétuel jeté sur la vertu, forment, je crois, le caractère du plus gi-and nombre des courtisans, marqué dans tous les lieux et dans tous les temps. Or il est très-malaisé que les principaux d'un État soient mal- honnêtes gens, et que les inférieurs soient gens de bien

Que si dans le peuple il se trouve quelque malheureux honnête homme, le cardinal de Richelieu, dans son Testament politique, insinue qu'un monarque doit se garder de s'en servir : tant il est vrai que la vertu n'est pas le ressort du gouvernement monar- chique-. » (Liv. III, chap. v.)

1. D'ailleurs, comment est-il utile à un pays qu'un corps d'hommes ignorants, légers, pleins de mépris pour le gouvernement civil, y soit élevé au-dessus des citoyens ? (K.)

2. 11 aurait fallu examiner si en général les sénateurs, dans une aristocratie puissante, sont plus honnêtes gens que les courtisans d'un monarque. (K.)

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